Les Comoriens vont se heurter de nouveau aux désastres des élections, devenues une coutume. Sans le temps de réflexion ni la temporisation de circonstance, les Comoriens sont forcés d’adopter les élections comme une composante de leurs coutumes.
Par Said Yassine Said Ahmed, Rhône-Alpes
Depuis le mois de mai 2016, un régime s’est instauré avec un président élu pour cinq ans. Avec plusieurs coups et contrecoups, le régime et son président ont une seule orientation : l’éternisation au pouvoir pour le pétrole. C’est ce que les faits laissent présager.
Prolongation du pouvoir
Un mandat qui devrait s’achever le 26 mai 2021 s’est indélicatement et rudement prolongé contre le grès du peuple. Un tyran qui n’envie aucun de ses semblables. L’histoire a commencé depuis les assises qui devaient être nationales, transformées en assises partisanes, du 5 au 12 février 2018. Puis vint le referendum du 30 juillet 2018, référendum qui a nié le choix véritable de la population et qui a été une source de conflits et de scandales. Du referendum, costume taillé sur mesure, nous avons abouti à des drôles d’élections présidentielles qui se sont déroulées le 24 mars 2019 et à des législatives le 19 janvier 2020, suivies de falsifications et d’échauffourées qui ont alimenté le paysage sociopolitique du pays.
Le but était uniquement la prolongation du mandat présidentiel. Sans contrepouvoir. Avec un parlement béni-oui-oui. Un boulevard pour un chef ou un président qui ne fait qu’à sa tête.
Comment donc un Comorien sain d’esprit peut se comporter d’une façon aussi naïve au point de croire que des élections dignes de ce nom peuvent avoir lieu sous ce régime qui concentre tous les pouvoirs dans ses mains. La CENI, une commission électorale, qui n’est ni nationale ni indépendante, la Cour suprême, organe protecteur du pouvoir par sa soumission, auxquelles il faut ajouter des unités de l’armée en différentes formes…
« Idiotie ou complicité »
N’est butor que celui ou celle qui croit à des élections transparentes et sécurisées. Se bercer de cette illusion c’est supporter ce pouvoir honni par le peuple. Aussi, se présenter à ces élections, c’est à la fois être obtus et complice. C’est une caution indubitable en faveur de la tyrannie dévastatrice. Les élections inclusives se font sans l’attachement du régime aux organes organisateurs.
Le pouvoir actuel reste le maitre de ces échéances. La communauté internationale répondra à une invitation du pouvoir. Les observateurs de l’Union africaine sont au service du président de cet organe, Assoumani Azali, comme les préfets des pays du nord, notamment la France. Le Comorien est averti. La preuve se dessine. Les élections sont prévues en avril 2024, mais seraient avancées par ruse à décembre 2023, sous prétexte qu’aucune élection ne peut être faite pendant la période de ramadan. Donc selon le pouvoir, « Nous avons décidé en conseil des ministres que le processus électoral s’achève avant le ramadhwani de l’année prochaine ».
« La campagne électorale commence le mois de décembre 2023 pour terminer début janvier. Le 7 janvier aura lieu le premier tour et le deuxième tour mi-février », selon Dhoihirou Dhulkamali, ministre des Affaires étrangères d’Azali. Paroles prononcées le 11 avril 2023, lors du bal des diplomates au MIREX. Sous prétexte de tenir compte du mois de ramadan, cette date est choisie pour que les élections se passent pendant la période du mandat du président actuel de l’Union africaine de cette institution. Sans aucune réaction de la classe politique du pays, le boulevard s’annonce plus large que prévu. Et le silence de l’opposition cautionne le crépuscule de l’État comorien.