Un groupe d’investisseurs du Golfe accompagné de la chambre de commerce de la même région, est actuellement à Moroni pour une prospection du terrain. Si les uns n’ont pas encore donné leur dernier mot, les autres ont déjà jeté leur dévolu sur l’archipel grâce, à juste titre, à « la paix et à la stabilité » reconnues. D’importants contrats sont en attente, notamment dans l’aérien.
Une diplomatie économique. Le ministère des affaires étrangères a fait venir au pays la chambre de commerce du Golfe et d’investisseurs de cette région qui ont pignon sur rue. Conduite par le docteur Wafa Omer qui est à sa deuxième visite, la mission est venue constater in situ l’opportunité d’investir aux Comores, selon le président de l’association des professionnels des banques et établissements financiers (Apbf). Chams-Eddine Tourqui précise que cette fédération comprend en son sein « plus de 300 investisseurs » touchant divers domaines, tels que, le commerce, la santé, l’agriculture, l’énergie, le tourisme, l’aérien…
Si les visiteurs sont convaincus que le pays dispose de beaucoup d’opportunités pour investir, une interrogation légitime les taraude : pourquoi les autres investisseurs qui visitent les Comores ne reviennent plus jamais? A la table ronde qui s’est tenue à l’hôtel le Retaj, dans l’après-midi du mardi 27 novembre, les opérateurs économiques locaux ont tenu à les rassurer. « Nous leur avons expliqué qu’il faille s’approcher des locaux, s’imprégner de la réalité du pays pour qu’on puisse mieux s’installer. Et cela n’est pas une particularité comorienne. C’est ainsi, dans tous les pays », confie à Masiwa le président de l’Apbf, qui attend impatiemment les résultats « positifs » de cette mission.
A la tête de ladite mission, le docteur Wafa Omer, originaire de la Libye, a déjà visité les Comores, l’année dernière avant de revenir avec son armada, tant elle est séduite. Elle n’a pas séduit que des acteurs économiques du Golfe. Elle a ramené aussi des Européens. D’ailleurs, c’est une richissime société européenne qui lorgne le secteur aérien, notamment l’assistance au sol, à en croire la Libyenne qui refuse, pour le moment, de nous dévoiler le nom de ladite société. Sur ce volet, un contrat devrait être signé avec les autorités comoriennes. Aujourd’hui peut-être.
« Nous sommes dans un pays vierge. Nous allons commencer par l’aéroport avec l’assistance au sol. J’étais là l’année dernière pendant deux semaines. La vérité est qu’on peut faire quelque chose dans ce pays. Dans tous les autres [pays] c’est la guerre, les conflits. Ici c’est paisible. Il y a de la sécurité. D’autant plus que je me sens chez moi puisque on est dans un pays arabe », confie celle qui a vu son pays s’embraser sans renaître de ses cendres une décennie après.
Il faut rajouter qu’en plus de « la paix » sociale qui attire ces investisseurs du Golfe, les Comores font des efforts pour améliorer le climat des affaires. La loi N°17-007/AU du 19 juin 2017 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce en Union des Comores, et promulguée le 26 juillet de la même année, répond à cette démarche. De même que l’adhésion des avocats d’affaires Comoriens à l’association des avocats d’affaires de l’océan indien. Une association créée en aout 2018 et qui a pour vocation d’assurer un climat d’affaires sain dans la sous-région. « Nous avons constaté que les investisseurs internationaux ont beaucoup de réticence vis-à-vis de certains pays de notre région, en évoquant la sécurité juridique qui est un élément indispensable », remarque du président de ladite association, le comorien Ibrahim Ali Mzimba, dans un entretien dans Masiwa du 3 septembre 2018.
Par Toufé Maecha