Toute personne qui s’intéresse à la gestion de la chose publique devrait avoir une conscience politique. Mais, aucun de nos dirigeants n’accepte que ses choix soient souvent faits de façon irréfléchie, par manque de conscience. Ils pensent toujours avoir la maîtrise des choses. Ils ignorent toujours que la conscience politique collective prime sur la conscience politique individuelle.
Par Abdourahim Bacari
L’expression comorienne « Maka Vwma » démasque beaucoup de nos prétendants hommes politiques qui font croire aux Comoriens qu’ils sont intègres pourtant leurs réactions prouvent toutes seules qu’ils manquent de conscience politique. La conscience politique ne rime absolument pas avec le mensonge. Cela dit qu’il n’y a pas de conscience politique chez l’homme ou la femme politique qui n’arrive toujours pas à faire coïncider son discours, c’est-à-dire son langage avec ses actes.
La conscience politique est l’éthique même de l’art de gouverner un pays. Qui dit gouverner dit également la gestion de tout un peuple qui souhaite dépasser les difficultés de la vie pour un avenir meilleur. Pour atteindre leur souhait, les peuples cherchent à élire des hommes et des femmes ou un Parti politique capables de répondre à leurs besoins. Un phénomène qui force systématiquement les politiciens à produire des projets de sociétés comme programme politique pour les soumettre aux peuples, seuls souverains qui ont le pouvoir de choisir leurs dirigeants dans la transparence pour le respecte de la démocratie. Ces projets de sociétés font l’objet « d’un contrat social » pour l’intérêt général. Aujourd’hui, on constate l’absence de cette conscience chez beaucoup de nos dirigeants politiques. Une absence qui constitue une déficience mentale qui conduit les plus faibles d’esprit parmi nos politiques à leur déchéance.
Peu de nos dirigeants demeurent longtemps dans l’opposition, par manque de conviction politique. Ils développent des stratégies malsaines, car trompeuses. Ils se rangent dans l’opposition, font le nécessaire pour prendre les devants pour qu’ils soient visibles partout. Ils prennent la parole, s’érigent en véritable avocat du peuple, pourtant derrière leur langage il y a leur propre pensée qui souhaite le contraire de leur engagement dans l’opposition. Ces derniers temps, les Comoriens ont découvert les vrais visages de beaucoup d’hommes politiques qui s’opposaient sans relâche au régime actuel et qui ont fini par le rejoindre pour des petits calculs politiciens.
La réaction de Sounhadj, Ahmed Jaffar, pour ne citer que ceux-là, tous les deux anciens ministres d’État sous la présidence d’Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, séquestré par ce régime qu’ils sont en train de servir pleinement. Mohamed Daoud plus connu sous le nom de Kiki de la République, ancien directeur général des douanes sous Sambi et Djaé Ahamada, ministre sous Sambi et sous Ikililou, tous les deux au service du nouveau régime depuis 2016. Pire encore, c’est un virage de 90° qu’a pris l’ancien député de la région de Hamanvu, Oumouri pour rejoindre Azali Assoumani. Lui qui prenait souvent la parole au sein de l’opposition pour dénoncer les dérapages de ce régime. Les discours qu’il prononçait dans l’opposition et l’acceptation de sa nomination au poste de secrétaire général à l’Assemblée nationale sont un exemple parfait du double discours.
Depuis le 24 mars 2019, à la suite de la mascarade électorale, certains Comoriens se battent contre ce régime qui emprisonne des journalistes, hommes politiques et qui élimine toute personne qui élève sa voix contre lui. Un régime qui n’ouvre jamais d’enquête sur les affaires criminelles qui ont eu lieu et qui ne cessent d’augmenter tous les jours. Un régime qui prive les membres de l’opposition de tous leurs droits : droit d’association, droit d’opinion et leur droit de s’exprimer librement pour faire vivre la démocratie dans notre pays.
Le député Oumouri se croit plus malin et plus futé. Il pense que sa conscience politique personnelle est au-dessus de la conscience politique collective des Comoriens. Il a profité de la propagande faite pendant des mois pour le dialogue voulu par Azali et les siens, le « dialogue national » sans la participation des partis politiques de l’opposition et de la société civile, pour se séparer du leader du parti RDC, ancien gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka Saïd Soilihi qui a succédé au colonel Soilihi alias Campagnard à la tête du CNT, victime lui aussi de cette dictature.