Après la hausse des prix de l’essence et des tarifs des transports, les taximen se rendent compte d’une perte de leurs clients qui préfèrent pour le moment marcher, en attendant les mesures d’accompagnement « secrètes » promises par le gouvernement.
Par MiB
Le 31 mai dernier, le gouvernement du président Azali a décidé subitement, sans aucune négociation, ni avec les consommateurs ni avec les syndicats de revoir à la hausse les prix des hydrocarbures. Divers membres du gouvernement ont justifié cette augmentation par le fait que les prix du pétrole a augmenté au niveau mondial depuis le début de la guerre en Ukraine.
Une hausse des tarifs des transports
Certains proches du pouvoir, comme le ministre de la Justice, Djaé Ahamada ou le Chargé de la Défense Mohamed Youssoufa Belou sont même allés jusqu’à prétendre que le gouvernement faisait mieux que la France, car celle-ci vend le pétrole plus cher. Et cela en niant la différence de revenus entre Français et Comoriens, ou même les mesures d’accompagnement du gouvernement français pour éviter les effets de la hausse des tarifs de l’essence.
Dès le lendemain, les conducteurs de taxis dans la capitale comorienne et dans les régions ont augmenté de leur propre initiative et d’une manière désordonnée et unilatérale les tarifs des transports. La réaction des usagers ne s’est pas fait attendre, aussi bien sur le terrain, notamment dans les régions, que dans les réseaux sociaux. Le gouvernement a été contraint de réagir. Mais, là encore, il s’est enfermé avec des représentants du syndicat des transporteurs pour s’entendre sur les nouveaux tarifs, en tentant de les rationaliser. D’abord dans la capitale et à Ngazidja. Puis à Anjouan et à Mwali.
Une manifestation empêchée
Les usagers se sont également élevés contre cette entente entre le gouvernement et les dirigeants du seul syndicat des transporteurs, Usukani wa Masiwa. En effet, l’entente est allée à l’encontre des intérêts des consommateurs écartés des négociations. Ceux-ci ont tenté de manifester à Moroni le 4 juin. Mais, le gouvernement a interdit cette manifestation, a mené diverses opérations d’intimidation des organisateurs et a même mis en prison, sans aucune forme de jugement, un de ces derniers, Ahmed-Hachim Saïd Hassane. Le 4 juin, la manifestation a été empêchée et dispersée par les militaires qui ont quadrillé la capitale.
Il en reste plus qu’à attendre que les usagers s’habituent aux nouveaux tarifs. Même si le gouvernement, à travers le président Azali, a promis des mesures d’accompagnement pour alléger ces hausses des tarifs sur l’essence.
Tout le monde marche
En attendant, ces mesures, les chauffeurs de taxi semblent ne pas retrouver leur compte. En effet, au bout de quelques jours avec les nouveaux tarifs, les taximen s’aperçoivent que leur chiffre d’affaires a sensiblement baissé. Ils ont moins de clients. De nombreux observateurs à Moroni l’ont aussi remarqué : les taxis sont vides et les gens marchent beaucoup ou font du stop.
Cette nouvelle situation a poussé les dirigeants des douze régions organisées par Usukani wa Masiwa à demander l’organisation d’une grève il y a une semaine. Mais, après un accord des douze chefs avec la direction du syndicat, ceux-ci ont changé d’avis un à un, jusqu’à ce qu’il n’en reste que deux : le représentant de Hambou-Djumwapanga et celui du Washili, comme l’explique la journaliste Faïza Soulé Youssouf sur son mur Facebook.