Les taximen d’Anjouan étaient en grève depuis le 7 février. Après plusieurs tentatives d’intimidation, des arrestations, la grève des taximen et des conducteurs de camions à Ndzuani a pris fin suite à la négociation-médiation menée par le ministre de l’Éducation au nom du gouvernement.
Par Nezif-Hadj Ibrahim
Le 11 février dernier, à l’issue d’une réunion entre des représentants de l’État et des représentants du syndicat Wusukani wa Masiwa, la grève qui avait démarrée depuis le lundi 7 février s’est soldée par la signature d’une convention entre les deux parties. La délégation du gouvernement de l’Union était conduite par le ministre de l’Éducation nationale, Djaanfar Salim Allaoui, accompagné de Mohamed Saïd Moussa, Directeur de Cabinet du gouverneur de Ndzuani, du Coordinateur de l’Action du gouvernement de l’Union à Ndzuani, Nourdine Midiladji Abderrahmane et de Kamal-Eddine Saindou, représentant de la Mairie de Mustamudu, entre autres. Le syndicat des chauffeurs était représenté par son président par intérim Mikidachi Abdallah et un gréviste, Yssouf Ahmed, alias Mfaoume.Les revendications des grévistesLe mouvement de grève trouvait sa justification dans trois revendications, objets des discussions entre les parties à l’hôtel le Papillon, le 11 février. Les taximen remettent en cause la présidence intérimaire du syndicat et également sa promiscuité avec les autorités publiques. De plus, les grévistes ont manifesté leurs mécontentements contre le nouveau Code de la route qui apporte un nouveau régime de sanctions en revoyant certaines amendes à la hausse. Enfin, les chauffeurs dénonçaient aussi l’utilisation disproportionnée de la force par les gendarmes dans leurs interventions pour faire respecter le nouveau Code de la route. À ces demandes, la méditation s’est conclue par une entente axée sur trois solutions. En effet, le mouvement de grève qui paralyse Ndzuani va être suspendu, selon les engagements des grévistes, afin de permettre la reprise de la circulation des personnes et des biens. Ensuite, le syndicat va pouvoir s’atteler à la préparation de l’élection d’un nouveau bureau plus légitime dans les jours à venir. Il doit auparavant mettre « en place les trois cellules sur six manquant à Anjouan », d’après les termes de l’article 2 de la Convention signée entre les parties. Concernant les nouvelles normes du Code de la route, rien n’est encore joué puisque l’article 3 affirme que « les dispositions d’application faisant l’objet des réserves par les grévistes n’étant pas encore faites contrairement aux rumeurs il y a lieu d’attendre la publication des arrêtés ministériels d’application avant de prétendre à d’éventuelles modifications ». Le gouvernement tente de ruser, car il est difficile de modifier une loi par un arrêté. À propos de l’utilisation excessive et autoritaire de la force par les forces de l’ordre, la convention assure que « les représentations des forces publiques ont pris acte des doléances des grévistes et se sont engagé à prendre les dispositions nécessaires pour remédier à cette situation ».Après une fausse résolution et des arrestations, enfin une solution avéréeLe 8 février dernier, le médiateur du gouvernement de l’Union en la personne de Djaanfar Salim Allaoui a communiqué que la grève avait pris fin. Le ministre de l’Éducation nationale avait annoncé dans son communiqué que « les représentants des chauffeurs ont accepté de lever la grève sans délai et sans condition ». Par contre la grève s’est bien poursuivie, et les réunions aussi. Les représentants du syndicat qui négociaient au début n’avaient pas de légitimité pour les grévistes. D’où la demande de nouvelles élections avancée dans la réunion du 11 février. Des arrestations de chauffeurs grévistes ont été constatées parce qu’ils ne voulaient pas céder à la pression du gouvernement de l’Union. Finalement, ils ont été entendus et la grève a été suspendue. Seulement il faut relever les manœuvres malhonnêtes et « malsaines » du gouvernement face aux grévistes qui ne faisaient qu’exercer leur droit de grève.