Le 9 janvier dernier, la fête du football africain, la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), a débuté au Cameroun, et se déroulera jusqu’au 6 février, jour de la finale. Par Nezif-Hadj Ibrahim
Les Coelacanthes (l’équipe nationale de football des Comores) y ont pris part. Ils ont brillé, comme on a pu le constater sur les réseaux sociaux où les médias, tout comme des influenceurs de renom à l’exemple d’observateurs ou de légendes du football tel que Didier Drogba, n’ont pas hésité à louer leur parcours mémorable qui s’est achevé en huitièmes de finale contre le Cameroun (2-1). Sur un tout autre terrain, c’est un autre Comorien qui s’illustre. Il s’agit d’Amaldine Soulaimane, sélectionné parmi les arbitres adjoints (arbitre de touche, assistant au VAR). C’est la deuxième fois consécutive pour lui puisqu’il a été aussi sélectionné pour la CAN 2019.
Un parcours professionnel riche et l’espoir au niveau international
Amaldine Soulaimane commence à officier au niveau régional en 2008 lors du tournoi zonal Cosafa organisé en Afrique du Sud. « Je n’étais même pas inscrit sur la liste FIFA des arbitres » rappelle-t-il. C’est en 2009 qu’il a été reconnu par la plus haute instance du football international. Il compte neuf compétitions au niveau du continent africain pour l’instant, y compris à la CAN au cours de laquelle il a déjà officié durant quatre matches, dont Côte d’Ivoire-Égypte en huitième de finale au cours duquel les Pharaons sont sortis victorieux après l’épreuve des tirs au but.
Amaldine Soulaimane a officié au cours du Cosafa U20 en Zambie, du Cosafa senior en Afrique du Sud, Coupe d’Afrique U17 au Niger en 2015, COSAFA senior en Afrique du Sud, Coupe d’Afrique U17 au Gabon en 2017, CHAN au Maroc en 2018 et de la CAN 2019 en Égypte où il n’a arbitré que 2 matches.
Au niveau international, Amaldine Soulaimane a fait ses premiers pas en 2019, il a pris part en tant qu’arbitre à la coupe du monde U20 organisée en Pologne.
La Coupe du monde 2022 au Qatar, un rêve encore possible à concrétiser
La progression d’Amaldine Soulaimane ne fait pas débat. Et quand on lui demande s’il y a des chances de le voir à la prochaine coupe du monde, il répond avec un grand espoir : « J’ai une chance, car mon arbitre avec qui j’officie est parmi les arbitres candidats au mondial 2022 ». Cependant, il est rassuré que « c’est à la fin de cette CAN que va sortir la liste des arbitres africains qui vont être retenus ».
Par ailleurs, il ne cache pas que c’est l’un de ses objectifs ultimes. Il est évident que pour tout arbitre professionnel, tout comme pour tout joueur de football, participer à une Coupe du monde c’est atteindre le sommet. « C’est mon plus grand rêve », affirme-t-il. Et il poursuit : « C’est un immense plaisir d’être sélectionné parmi les 63 arbitres dans cette grande compétition continentale africaine. J’ai presque tout eu dans ma vie, ce qui me reste, c’est la coupe du monde. » C’est aussi une question de fierté pour lui, ça l’est aussi pour les Comores selon lui « car il y a de grandes nations dont les arbitres n’ont pas été sélectionnés, alors c’est un honneur pour notre pays. Même si le pays est éliminé, il reste encore un ambassadeur qui représente le pays ».
Sera-t-il encore sur le terrain en quart de finale ou pourquoi pas en finale ? Il assure que cela est possible puisque des arbitres sont déjà rentrées alors qu’on ne lui a pas encore demandé de le faire. Donc, il y a de grandes chances de le revoir arbitrer encore une fois dans les derniers matchs de la CAN.
L’expérience en avant
Ambassadeur de l’arbitrage comorien dans les compétitions régionales et internationales, il donne des conseils à ses collègues et interpelle la fédération.
Le natif de Patsy, sur l’île de Ndzuani, Amaldine peut se targuer d’avoir une expérience certaine au regard des compétitions auxquelles il a participé. À ce titre, à notre demande, il prodigue quelques conseils à ses collègues, notamment à ceux qui embrassent ce métier d’arbitre.
« L’arbitrage d’aujourd’hui n’est pas comme celui d’avant. Beaucoup de choses ont changé et toujours de nouvelles choses se présentent dans notre profession. Ce que je veux dire à mes collègues arbitres, c’est que pour atteindre le haut niveau ça demande beaucoup de sacrifices, connaître au minimum deux langues (français / arabe ou français / anglais), s’entraîner au moins quatre fois par semaine, connaître l’outil informatique, avoir l’esprit d’équipe, accepter d’être critiqué, car c’est à partir de nos erreurs qu’on apprend, il ne faut pas hésiter à demander ce qu’on ne connait pas … ».
Le dernier comorien dans la CAN
Il insiste sur les compétences des outils informatiques. Il ajoute que « l’outil informatique est devenu indispensable, car l’apprentissage se fait sur l’ordinateur, et surtout par rapport à cette nouvelle manière de décider qu’est le VAR qui fait que la non-maitrise des outils informatiques fait que beaucoup d’arbitres seront écartés. »
Il n’hésite pas à interpeller la Fédération de football comorien (FFC) en ce qui concerne l’utilisation des nouvelles technologies dans l’arbitrage. « Je profite aussi pour inviter notre fédération à octroyer les moyens pour commencer dès maintenant les cours sur l’arbitrage vidéo à nos jeunes arbitres pour un avenir meilleur », fait-il savoir.
Amaldine Soulaimane relève également le manque de considération à l’endroit des arbitres aux Comores. « Nous, les hommes en noire, c’est-à-dire les arbitres, nous ne sommes pas considérés dans notre pays. Personne ne se soucie de nous. Puisque je représente le pays, on doit pouvoir jouir de la même considération que les joueurs. Je peux vous assurer que depuis que je suis ici, personne ne m’a appelé pour avoir de mes nouvelles. ». Pour lui, la Fédération de football comorien (FFC) devait lui manifester de l’intérêt, « juste pour me motiver et m’offrir un soutien moral » se plaint-il. Et on peut le comprendre, Amaldine Soulaimane représente non seulement les Comores, mais aussi la Fédération de Football des Comores dans une large mesure.