Le village de Moundzaza Ambouani est situé au sud-ouest de Moroni en suivant la route nationale n°2 pendant 8.5 kilomètres. Puis une route secondaire bitumée mesurant environ 3.5 kilomètres reprend le relais traversant Serehini et Ndroini, elle mène directement vers la localité. Par Salec Halidi Abderemane
Loin de sa célèbre « Mouandzaza Plage », une grande partie du littoral est envahie par les habitations en dur qui menacent la côte d’une érosion anthropique. Elle renferme précieusement une potentialité écologique et éco-touristique considérable. La menace d’érosion anthropique est provoquée par la défaillance de la politique environnementale nationale. Celle-ci est dépourvue de programmes rigoureux et la croissance de la pauvreté d’une population surtout rurale gagne en ampleur. La menace répertoriée interroge prioritairement depuis plusieurs décennies les institutions internationales à l’instar de l’ONU qui essaie de soutenir le gouvernement d’un petit État insulaire fragile soucieux de l’environnement et du bien-être de la population majoritairement pauvre essaye de répondre avec son concours face aux enjeux socio-écologiques en rapport avec la dégradation des écosystèmes côtiers.
Une médiocrité des programmes nationaux pour l’environnement côtier
L’ONU dispose de deux programmes pour prévenir la destruction des milieux naturels littoraux et marins dans les pays comme les Comores. La défaillance qui emporte la responsabilité du pays conditionne la médiocrité des programmes nationaux face aux enjeux critiques du changement climatique. Ces deux programmes appellent le gouvernement comorien à fournir des efforts pour un ajustement institutionnel. Il s’agit d’une valorisation des ressources humaines de proximité et des ressources naturelles locales afin de bénéficier durablement des opportunités octroyées par ces initiatives internationales. Le gouvernement doit investir sur le développement local tout en priorisant les enjeux environnementaux et leurs impacts à petite échelle. Puisque les crises environnementales dans les zones rurales sont évaluées et corrigées par des plans intégrant les collectivités locales. Dans un premier plan, l’Organisation des Nations Unies a adopté depuis 1995, un « Programme d’action mondial pour la protection du milieu marin contre la pollution due aux activités terrestres ». Il s’agit d’un programme international de coopération et de coordination avec les programmes nationaux des pays ayant priorisé la pérennité des ressources océaniques dans une gestion durable des zones côtières. Et dans un second plan, à travers « le Réseau mondial des réserves de biosphère de l’UNESCO », une coordination avec les pays fragiles est renouvelée le 26 juillet 2021, dans l’initiative « Climat et environnement ». Les deux programmes soutiennent une coordination avec les communautés locales, afin de mettre en valeur la capacité à faire face aux changements socio-écologiques. Pour ce faire, l’éco-tourisme et la création de parcs et de réserves naturelles sont retenus comme les alternatives. Ils permettent non seulement de protéger l’écosystème côtier mais contribuent également à combattre la pauvreté de manière localisée et ciblée.
La sauvegarde environnementale ou la lutte contre la pauvreté rurale en zone côtière
Face à la dégradation de la côte de Mouandzaza, l’urgence se fait ressentir. La destruction est due d’un côté à l’extraction du sable et de l’autre à l’accumulation des déchets. Les impacts de ces deux pratiques contraignant l’équilibre naturel de la zone ont des conséquences alarmantes. L’extraction du sable provoque une augmentation de la turbidité du niveau de l’eau de la mer, nuisant à la croissance des organismes marins et côtiers. Les coraux ou le phytoplancton sont la nourriture de nombreux poissons, d’où un impact négatif sur la pêche locale de Mouandzaza. L’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANPI) affirme que le secteur pêche représente 10% du Produit Intérieur Brut du pays depuis 2016. Un chiffre nourrit par l’improductivité de plusieurs zones littorales fortement dégradées par les activités humaines souvent renvoyées dans une absence de modernisation de la pêche nationale. L’accumulation des déchets, quant à elle, consomme de l’espace de façon temporaire ou permanente. La décomposition prend du temps puis les déchets libèrent du méthane, un puissant gaz à effet de serre et des éléments toxiques contaminant le sol du littoral. Un argument fondamental en faveur de l’éco-tourisme est courant dans les politiques entrepreneuriales liées à l’environnement. Elles privilégient l’incitation des entreprises touristiques à investir dans le local. Cela permet de protéger les ressources naturelles pour en tirer un profit plus raisonné et durable.
L’enjeu éco-touristique à Mouandzaza
L’éco-tourisme est la forme du tourisme durable permettant de protéger la nature et d’intégrer les populations dans les enjeux économiques. Leur intégration contribue activement à la protection du patrimoine naturel de la localité. Les communautés locales et indigènes lorsqu’elles sont incluses dans une planification éco-touristique, dans son développement et son exploitation, un bien-être s’établit.
La communauté de Mouandzaza interdit actuellement l’extraction du sable sur ses côtes. Par contre une exception existe et consiste à extraire du sable uniquement pour la réalisation des projets communautaires comme la construction d’une mosquée, la construction d’un foyer, etc. Ce qui n’est pas favorable au bien-être de la côte. Déjà nous constatons une diminution importante du sable dans la zone.
L’éco-tourisme se place ainsi comme un moyen de développement autant pour les populations locales que pour les aires protégées concernées. En effet, donner aux acteurs locaux le monopôle de la gestion de leurs côtes en leur fournissant les moyens maternels, financiers et politiques permet d’impulser le processus de sauvegarde et de développement local. C’est une disposition adaptative dans les stratégies de développement durable dans laquelle les ressources naturelles peuvent s’utiliser comme des attractions touristiques, sans pour autant leur causer de dommages. Ainsi l’ambition du Plan Comores Emergent stipule dans son document officiel d’ici 2030 : « un pays résilient aux chocs dans toutes les dimensions du développement durable ».
Dans la localité de Mouandzaza, aucune politique de protection de la côte n’est entreprise et la communauté ignore la nature et le contenu du Plan Comores Emergent.