Sorti officiellement en mai dernier aux éditions Coelacanthe, Danses traditionnelles des Comores (Ngazidja) du danseur Salim M’ze Hamadi plus connu sous le nom de SEUSH est une sorte de manuel de 52 pages dédiées aux danses des Comores. L’auteur et artiste lie chaque danse au Grand-mariage (anda) de l’île de Ngazidja. Par Salec Halidi Abderemane
Le mariage entre danses traditionnelles et contemporaines
La danse est une expression du corps. Le rythme s’exécute en collectif dans la tradition comorienne comme dans le Hip hop. Comment moderniser les danses traditionnelles ? C’est une des interrogations de Seush.
Né aux Comores, cet ingénieur électrique choisit de devenir chorégraphe. Il est le fondateur de la première école de danse professionnelle du pays : la Tché-Za School, inaugurée le mois de mai dernier. L’école se donne pour objectif de faciliter le mélange entre mouvements traditionnels et modernes dans l’optique de permettre de sauvegarder toute la richesse que représentent les danses traditionnelles.
Pour Seush, les danses traditionnelles de Ngazidja tirent leur source dans le grand-mariage (anda) de cette île. Il estime que ce dernier a fait que 70 % des danses traditionnelles ont survécu au fil des générations. Le chorégraphe n’oublie pas de parler des contestations à l’endroit du anda, mais aussi de son administration, en lien avec les coûts financiers qu’il engendre. Il l’affirme avec conviction dans ce livre que le grand-mariage a ses inconvénients, néanmoins il a sauvé toute une tradition de danses.
Les diverses cérémonies offrent plusieurs spectacles de danse suivant la chronologie de l’organisation du anda. Par cette diversité, les communautés comoriennes sont riches de différentes danses exécutées dans des évènements variés.
Le danseur n’a pu évoquer les danses traditionnelles sans évoquer les chants qui les accompagnent. Du Sambe au shigoma, les chants ont également été conservés. Il les cite à côté des explications sur les danses.
La variété des danses des Comores est la conséquence des origines distinctives de ses habitants.
Danses et origines
Les origines du peuplement des Comores apportent chacune un pas dans la danse comorienne. L’auteur souligne la facilité de reconnaître chaque communauté par la danse exprimée dans un évènement.
Chacune des danses est unique. Elle a ses propres mouvements.
Les origines permettent de comprendre aussi les danses associées aux rites religieux, même si certains rites sont aujourd’hui contestés par les nouveaux groupes religieux du pays.
Dans l’ensemble, ce sont les danses africaines et arabes qui prédominent. Cette prédominance se lit dans le choix de l’habit et de l’instrument utilisé pour accompagner la danse. Le choix des habits accompagnant les danses est aussi tout un art.
L’habit, un décor de la danse
L’habit indique la nature de la danse et ce qu’elle représente dans la communauté. Chaque danse est accompagnée par une tenue vestimentaire conforme à la tradition. Les tenus permettent aussi de lire une partie de l’histoire des Comores dont le mode vestimentaire est élevé au premier rang.
Puisque la danse est un mode de vie, elle a une place importante dans la vie du Comorien. Parmi les danses répertoriées par Seush, on trouve les danses qui rappellent l’esclavage de nos ancêtres. Le choix des pas, des instruments et des habits raconte cette histoire. Les instruments donnent divers sons et nous ramènent sur le continent africain ou ailleurs. Seush recense quatre principaux instruments. Il les a écoutés résonner avant de nous en parler : le mbihaba, tambour, le misondro, un autre tambour qui rappelle le Sénégal, le tari et le toiwaza ou cymbale.
Le recensement des danses traditionnelles des Comores dans un livre est une première. L’auteur a annoncé que ce n’est qu’un début et que dans un avenir proche il va s’intéresser aux danses qu’on retrouve dans les autres îles. Il poursuit ainsi cette volonté de tirer des danses traditionnelles la modernité qui fait son art.