Le 25 mars 2021, est marqué à jamais dans le marbre des grandes dates de l’histoire de notre pays. Désormais, notre pays vient d’inscrire son nom dans le concert des grandes nations footballistiques de notre continent et rendez-vous est pris pour la CAN 2022 au Cameroun. Soilihi Kays
Mais cette prouesse sportive que tous les Comoriens d’ici et d’ailleurs ont salué et fêté nous oblige à nous poser pour faire une analyse politique sérieuse de ce fait historique. Deux enseignements sautent très vite aux yeux de l’observateur attentif de la société comorienne :
– Un peuple uni, fier de l’être oubliant par moments la misère, comme l’a si bien souligné Ali Ahamada sur Canal + peut vaincre des montagnes et peut porter tous les espoirs.
– si on met l’Homme qu’il faut là où il faut en le laissant libre de choisir les meilleurs d’où qu’ils se trouvent, on est capable de bâtir une équipe digne de rivaliser avec les autres nations et pas uniquement dans le sport.
Le pays ne peut tourner le dos à sa diaspora
Une fois ces deux évidences mises en exergue, il faut souligner le rôle de notre diaspora dans cette victoire sportive, après avoir confirmé depuis longtemps déjà sa constance en qualité d’acteur incontournable et majeur de notre économie avec 12% du PIB en 2019 (98 milliards de transferts courants bruts). Un simple coup d’œil sur l’analyse de notre balance des paiements confirme sans l’ombre d’un doute quelconque l’importance de cette diaspora que certains insultent, dénigrent. Cela nous rappelle qu’un pays comme le nôtre ne peut en aucun moment tourner le dos à une diaspora dont la dynamique économique en termes d’apport au pays est saluée unanimement par toutes les institutions économiques mondiales.
Une rapide revue de nos indicateurs économiques actuels s’avère nécessaire pour convaincre particulièrement les « labeka kwezi mwalangu » de ce régime qui applaudissent quand leur dictateur et ses soutiens du gouvernement insultent la diaspora.
Nos exportations dont les trois quarts sont constitués de nos produits de rentes représenteraient 3,6% contre 21% pour les importations selon le FMI. Soit un déficit commercial de 17,4% du PIB, atténué par l’apport conséquent des transferts indiqués plus haut qui, de surcroît, réduit le déficit courant à un niveau inférieur du déficit commercial.
La crise sanitaire qui a impacté nos recettes douanières dans un pays où les dépenses courantes, dont la principale reste les salaires, sont largement supérieures aux recettes hors dons, devraient tout de même faire réfléchir celles et ceux qui font preuve d’arrogance vis-à-vis de cette diaspora vitale pour la santé économique et désormais sportive du pays.
Donc, ceux qui clament le slogan creux de l’émergence avec des indicateurs pareils doivent comprendre que les ambitions d’un tel projet, si on vous prend au sérieux pendant deux secondes, dépendent forcément du concours de fonds venus de Comoriens de l’extérieur.
Pas d’émergence sans la diaspora
Malheureusement d’autres indicateurs économiques particulièrement ceux liés à la corruption, la bonne gouvernance sont alarmants et côtoient les sommets du Karthala. Et ce n’est pas cela qui va faire venir des investisseurs sérieux dans un pays où l’indice risque est au rouge. Seuls les rapaces et autres délinquants financiers viendront chez nous, hier comme aujourd’hui, malheureusement.
Pour rappel, nous sommes 160e sur 190 sur la liste de l’indice Doing Business 2020. Avec un tel niveau, aucun investissement sérieux ne viendra dans un tel pays, d’ailleurs vous l’aurez remarqué les investissements directs étrangers ne représentent que la moitié d’un point (0,5 point) du PIB.
Comment des autorités d’un pays dont les exportations représentent que 3,6 points d’indice PIB peuvent insulter une diaspora qui pèse le triple de la valeur de ses exportations ? Schizophrénique, non ?
Il est urgent de revoir notre manière de communiquer avec notre diaspora.
Les recommandations de la banque centrale des Comores formulées dans son rapport 2019 ont comme principale mesure pour redynamiser l’économie du pays afin de financer les ambitions du pouvoir, un appel à la diaspora afin d’investir pour les Comores et épargner plutôt que de soutenir seulement les ménages familiaux.
On peut relever ce défi dans notre pays, mais sous quelques conditions. D’abord comprendre que la diaspora comorienne est à l’image de toutes les diasporas d’Afrique qui souhaitent investir dans les pays d’origine parce qu’il est possible de se faire de l’argent. Les exigences sont identiques à celles de n’importe quel investisseur sérieux à la recherche des opportunités en Afrique.