Le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes. Cette date est officialisée par les Nations Unies depuis 1977 et célébrée dans de nombreux pays. Le thème de cette année est « Leadership : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 ». Un thème qui selon ONU Femmes, « célèbre les efforts considérables déployés par les femmes et les filles partout dans le monde pour façonner un futur et une relance plus égalitaires suite à la pandémie de Covid-19 et met en lumière les lacunes à combler ». Par Mahmoud Ibrahime
Aux Comores, plus qu’ailleurs ce monde égalitaire est encore à construire. Si certains intellectuels continuent à répandre l’idée que la femme comorienne détient le pouvoir dans la société parce qu’elle hérite de la terre (ce qui est de moins en moins vrai), la réalité est tout autre. Les tâches les plus ingrates et les plus difficiles, y compris au niveau physique, lui restent attachées : les travaux des champs dans le cadre d’une agriculture qui n’arrive toujours pas à se moderniser, la corvée de l’eau à la fontaine publique dans le contexte urbain, à la rivière en milieu rural, le travail répétitif et non valorisé dans les administrations publique ou privée…
On peut noter que malgré les bonnes paroles des dirigeants politiques et une loi qui a été votée il y a quelques années, il n’y a qu’une seule femme dans un gouvernement de quinze personnes dans lequel, elle a parfois été privée de ses prérogatives au bénéfice d’un ministre homme. Au parlement, une seule femme a été cooptée pour 32 hommes.
On peut également noter qu’il n’y a aucune femme à la tête des sociétés d’État, pourtant, à voir comment elles sont gérées et l’état de leurs finances, les femmes ne pourraient pas faire pire. Il n’y a également aucune femme Secrétaire générale ou Directrice de cabinet dans un ministère. Il faut le faire quand on sait qu’à l’école malgré le poids des tâches ménagères, les filles sont souvent meilleures que les garçons.
L’année dernière, nous avons vu que même au niveau social et religieux, la femme comorienne est rejetée à l’arrière-plan quand certains notables se sont plaints de la présence de la seule gouverneure cooptée en 2019 à une cérémonie de mawulida.
Alors, oui ! il est vrai que certaines femmes occupent des fonctions valorisantes, souvent dans les organisations internationales ou quand elles réussissent à créer leur propre entreprise, mais ce n’est qu’une indication de ce qu’elles pourraient faire, si elles avaient les mêmes possibilités que les hommes dans la société. Une indication sur « le futur égalitaire », sans doute. Pourtant, là aussi, les choses ne sont pas simples pour elles et elles préfèrent rester discrètes.
À l’occasion de cette journée, Masiwa a choisi de mettre en avant deux femmes comoriennes qui à leur façon contribuent à façonner un futur meilleur. Il s’agit d’une part d’Anturia Mihidjai, qui évolue dans le monde de la Santé et dans l’entrepreneuriat ; et d’autre part, de Hissani Msahazi Rassoul, la présidente de l’association Petit Z’Anges qui depuis l’année dernière œuvre sans relâche et avec dynamisme dans la lutte contre les violences faites aux enfants.
A lire également dans ce numéro 318 :
- Interview ; Hissane Msahazi Rassoul, présidente de Petit Z’Anges Comores ; ” La majorité des victimes de violences sexuelles sont des filles âgées de 11 à 17 ans “.
- Anturia Mihidjai : du corps médical à l’entrepreneuriat.