Anturia Mihidjai est une femme dynamique dont le parcours est « atypique ». Dans ses activités, elle fréquente le monde sanitaire et l’entrepreneurial. En effet, depuis quelques années, elle a décidé de promouvoir les produits agricoles comoriens. Par Natidja HAMIDOU
Anturia Mihidjai est une mère de famille âgée de trente-cinq ans. Elle est originaire de la ville de Dembeni dans la région de Mbadjini à la Grande-Comores. En 2007, elle décroche sa licence en soins infirmiers à l’Université des Comores. Ayant poursuivi son cursus universitaire au Kenya, à Mount Kenya University, Anturia est aussi titulaire d’un diplôme de prothésiste dentaire. Depuis 2015, elle exerce en tant qu’assistante médicale du Corps de la paix, une organisation américaine présente aux Comores depuis de nombreuses années.
Entreprendre, une ambition à réaliser
Son séjour au Kenya, en tant qu’étudiante, a procuré à Anturia l’ambition d’entreprendre de créer son entreprise. « J’ai découvert l’entrepreneuriat au Kenya. J’ai tout de suite compris que, quel que soit ce que je deviendrai, je devais avoir une activité entrepreneuriale », déclare-t-elle. Mais, elle avoue qu’elle a mis beaucoup de temps à concrétiser son rêve de devenir entrepreneure après son retour aux Comores en 2012. Elle a connu à la fois une inspiration et un abattement. C’est après son licenciement du post qu’elle occupait à l’époque en 2014, que cette infirmière a décidé de se lancer sur son ambition.
Une entreprise agroalimentaire
C’est en 2015 qu’Anturia MIHIDJAI a fondé Nutrizon Foods. Il s’agit d’une société de transformation agroalimentaire des produits comoriens. Cette entreprise fabrique de la farine de Sagou, des sagous précuits, ainsi que des infusions de thé à base de plantes aromatiques locales. Ces produits sont vendus dans les supermarchés à Moroni ainsi que dans d’autres commerces de l’archipel. Le choix d’entreprendre dans l’agroalimentaire résulte selon Anturia Mihidjai, du fait qu’elle est issue d’une famille d’agriculteurs. L’agriculture lui est donc familière depuis son plus jeune âge. Elle emploie deux travailleurs à temps plein ainsi qu’une autre à temps partiel et en fonction des saisons et des besoins.
Des difficultés à cause de la Covid
Toutefois, l’entreprise d’Anturia rencontre des difficultés actuellement, des soucis causés par la pandémie mondiale de la Covid-19. « Avec la Covid-19, 2020-2021 c’est pire. Nous nous sommes retrouvées avec un grand stock de matières premières (le sagou) de l’année dernière. Et les choses ne semblent pas s’améliorer », regrette cette mère de famille.
Malgré les difficultés conjoncturelles, le parcours d’Anturia Mihidjai est exceptionnel et mérite d’être mis en avant pendant cette journée des droits des femmes. Elle a su démontrer qu’elle peut évoluer dans le monde de l’entrepreneuriat par son courage et son abnégation.
Elle ne s’est pas contentée de ses formations dans le corps médical. Elle a, au contraire, montré qu’on peut exploiter et mettre en valeur les produits comoriens. De plus, elle travaille en étroite collaboration avec des femmes rurales et agricoles, contribuant ainsi à valoriser le travail difficile de ces femmes.
« Je rends hommage à la femme comorienne de toutes les couches sociales et de tous les âges pour le rôle indispensable qu’elle joue dans la vie au quotidien et aussi au niveau du développement du pays. Il est très important que l’on prenne conscience de notre importance vitale et que l’on instille des valeurs telle que la confiance en soi, la prise de responsabilité chez la femme depuis son jeune âge ». C’est le message qu’elle tient à transmettre aux femmes de son pays en cette journée du 8 mars.
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