Législatives 2020. Les Comoriens ne votent pas
Il semble que le scénario qui s’était produit lors du référendum de 2018 se répète : les Comoriens ne votent quasiment pas. Les bureaux sont désertés.
L’opposition qui, pour une fois, a réussi à faire l’unanimité sur le boycott des législatives a apparemment gagné son pari puisque son mot d’ordre est suivi largement ce matin.
À Mitsamihuli-ville, comme dans beaucoup de localités de Ngazidja, les bureaux sont vides. Sur l’image, les bureaux situés à l’école publique mixte ont ouvert les portes assez tôt, mais le silence règne. Il n’y a personne aux alentours. Selon notre correspondant, sur 452 inscrits dans le bureau n°5, 18 uniquement ont voté à 10h30. Dans le bureau n°3, il y en avait 20 sur 491.
Dans certaines régions, l’acheminement des urnes a été compliqué par des barrages de pierres sur les routes. C’est le cas dans le Washili et dans le Mbadjini. Ce blocage fait que jusqu’à maintenant, les bureaux de vote n’ont toujours pas ouvert dans la ville de Ntsinimoichongo, fief d’un des leaders de l’opposition, Abdou Soefo, où un habitant nous a confié que les proches du pouvoir ont annoncé l’intervention imminente de l’armée.
À Moroni, la capitale, plusieurs bureaux n’ont pas ouvert à cause de la volonté du ministre de l’Intérieur d’imposer ses hommes dans les bureaux de vote, notamment dans la circonscription de Moroni-Nord et particulièrement les bureaux de Mtsangani. Un de ses proches conseillers, le fameux Ferdinand, qui est aussi le président de la CECI de la Grande-Comore, a été arrêté en possession de nouvelles cartes de membres de bureau, mais le procureur de la République, Mohamed Abdou qui passe également pour être un proche du même ministre, a ordonné qu’il soit relâché.
Aux alentours de Mutsamudu, certains bureaux ont été délocalisés au dernier moment à Habomo ou la présence militaire a été renforcée pour sécuriser les élections. C’est selon un témoin, le seul endroit du chef-lieu où les militaires ont des armes selon un témoin qui rapporte également que les membres des bureaux de vote remplissent les urnes sans hésiter. On constate qu’il y a peu de déplacements d’électeurs, mais que certaines urnes sont déjà bien remplies. Le scénario de 2018 semble se jouer également à Anjouan.
Alors, certes le temps est mauvais et n’encourage pas les gens à sortir de chez eux, mais il y a beaucoup plus que cela. Certains Comoriens suivent les mots d’ordre de toutes les oppositions, politiques ou de la société civile, qui depuis des mois crient à la dictature et au boycott des élections. Après une campagne électorale morne, le discours du chef de l’État Azali Assoumani, en clôture de la campagne de son parti (CRC), justifiant la fraude à coup de citation du Coran a sans doute également découragé les gens. Et les Comoriens ont compris qu’il n’y a aucun enjeu dans ces élections, sinon un repositionnement des partis et des leaders à l’intérieur du clan présidentiel, que la prochaine Assemblée nationale ne sera qu’une caisse enregistreuse des désirs de Beit-Salam.
MiB