Depuis plusieurs mois le ministère des affaires étrangères comorien et ses diplomates annoncent une restructuration, pourtant jusqu’à maintenant la philosophie qui porte le changement n’apparaît toujours pas comme une évidence, même si les rappels des fonctionnaires commencent à faire grincer des dents. Mahmoud Ibrahime
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Il est difficile de se faire une idée du plan de restructuration envisagé par le ministère des Affaires étrangères et dont les agents font état depuis plusieurs mois. Le Directeur de cabinet du ministère, Abdallah Mirghane en parle avec parcimonie dans une lettre adressée à tous les chefs de missions diplomatiques le 10 septembre 2019.
Rappel et déplacement
Toutefois, cela fait des années que des fonctionnaires comme l’Ambassadeur Hodhoaer Inzoudine, décédé l’année dernière réclament une réforme de grande ampleur qui mettrait à la tête des missions diplomatiques des vrais diplomates et non des hommes et des femmes nommés à titre politique et selon certaines accointances.
Abdallah Mirghane rappelle que la restructuration n’est pas faite uniquement au Ministère des Affaires étrangères, elle a été exigée à tous les ministères pour se conformer aux objectifs de l’émergence en 2030. Un nouvel organigramme a donc été dessiné pour l’administration centrale et pour les missions à l’étranger. Il s’agit de déplacer les diplomates afin de créer une dynamique et enrichir par l’expérience les agents. Tous les diplomates qui sont en poste depuis au moins 4 ans doivent s’attendre à bouger à partir du mois de septembre et le ministère annonce que le rappel et le déplacement devraient toucher au moins 60% des agents.
Les licenciements de plusieurs milliers de fonctionnaires au début de la prise de fonction du chef de l’État rendent méfiants les observateurs à propos de cette opération. Derrière les mesures de rappels d’agents et d’ambassadeurs, se cache également de la part du gouvernement, une volonté de faire des économies et comme d’habitude en matière de mobilité, de faire accéder les militants politiques à des postes diplomatiques. Pourtant, tout se fait dans la lenteur et exaspère les militants qui rongent leurs freins.
Les premiers rappels
Pourtant, les postes commencent à se libérer en attendant les nominations qui devraient suivre. Ainsi, après le licenciement de l’Ambassadeur des États-Unis, Soilih Mohamed Soilih, qui s’est lancé en politique contre le chef de l’État, il y a eu le rappel de l’Ambassadeur Mahamoud Aboud, qui était en Chine depuis quelques années. Aucun diplomate n’a été nommé à l’un de ces deux postes très convoités.
Le 28 octobre 2019, un premier arrêté fixe les premiers rappels dans les ambassades. Au total 21 personnes doivent quitter leurs postes et rejoindre Moroni dans les brefs délais. Ils sont issus de sept ambassades : Le Caire (Égypte), Riyad (Arabie Saoudite), Bruxelles (Belgique), Abu Dhabi (Émirats arabes unis), Antananarivo (Madagascar), Paris (France) et Prétoria (Afrique du Sud). La plupart d’entre eux occupaient les fonctions de conseillers ou d’attachés d’ambassade depuis plusieurs années.
C’est à Paris que les diplomates sont les plus nombreux à être rappelés, d’où sans doute la réaction de protestation et de défense de l’Ambassadeur Soulaimana. Pour essayer d’éviter que certains diplomates à Paris ne refusent de revenir à Moroni et ne s’établissent d’une manière définitive en France, comme c’est quasiment le cas à chaque fois que des diplomates en poste à Paris sont rappelés, les autorités françaises sont prévenues ainsi que l’Ambassade de France à Moroni. Le ministère leur demande d’annuler les autorisations de séjours des diplomates, ainsi que les plaques de leurs voitures diplomatiques.
La restructuration et le redéploiement dont parle le gouvernement ne consistent-ils qu’à licencier une certaine catégorie de diplomates ? Quelles sont les intentions du chef de la diplomatie comorienne ? Va-t-il mettre en place de véritables diplomates comme le réclament les professionnels du ministère des Affaires étrangères ou se contentera-t-il de remplacer des militants politiques par des militants politiques ? Nous le saurons assez tôt.
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