L’engagement militaire, dans la police et la gendarme aux Comores, reste une voie de secours pour les personnes qui n’ont pas eu d’autres alternatives d’insertion sociale. Quelles conséquences pour le développement du pays.
Chacun d’entre nous a en mémoire des personnes ou une personne qui fait partie aujourd’hui de l’armée ou de la police ou de la gendarmerie. Il peut être un membre de la famille ou un ami, une personne avec laquelle on a été dans la même école au cours de notre scolarité. Dans leur majorité, ils ont tous des points communs, ils se sont engagés dans l’armée ou la gendarmerie ou la police parce qu’ils n’avaient pas une autre voie pour avoir une source de revenus.
Nous pouvons nous interroger sur le pourquoi ils n’ont pas choisi le métier de pêcheur ou d’agriculteur ou de mécanicien ou de maçon s’ils ne pouvaient pas être enseignant ou médecin ?
En réalité, nous avons le souvenir quand nous étions encore élèves avec eux qu’ils présentaient beaucoup des difficultés scolaires, au plus, ils avaient un niveau moyen pour certains d’entre eux qui sont des officiers aujourd’hui. En tout cas, dans leur majorité le système éducatif n’a pas réussi à les retenir. Nous avons aussi une autre catégorie qui se caractérise aussi par une certaine délinquance juvénile qui font aujourd’hui partie de la police ou de la gendarmerie ou de l’armée. Ils étaient dans nos quartiers ou nos villages ou nos villes. Ils étaient oisifs ou alcooliques ou ils prenaient des stupéfiants ou faisaient des cambriolages.
Ce qui est surprenant est que ce sont eux aujourd’hui qui doivent protéger le pays contre une menace extérieure en ce qui concerne l’armée. Ils doivent assurer le maintien de l’ordre quand il s’agit de la gendarmerie.
Ce sont eux qui doivent nous protéger et protéger nos biens.
Ce sont eux qui doivent relever les infractions routières.
Ce sont eux les magistrats qu’on rencontre tous les jours quand on va au travail ou on va faire nos courses.
Nous savons qu’ils sont peu formés pour ne pas dire pas du tout, de ce fait, ils sont plus enclins à la bavure. Ils obéissent à n’importe quel ordre sans aucun discernement. En outre, même si l’ordre donnée par l’autorité administrative est un prétexte pour restreindre les libertés individuelles, ils obéissent quand même.
Ils ont en effet une impression d’avoir l’occasion de prendre ce que j’appelle « une revanche sociale » : quand l’autorité administrative leur donne l’ordre de faire usage de la force ou des armes face à des enseignants ou des élèves qui manifestent, c’est pour eux l’occasion de prendre le dessus face à des personnes qui réussissent mieux qu’eux dans le système éducatif même si cela peut leur causer la mort.
Il faut savoir que même leur supérieur rencontre des difficultés à leur faire respecter un ordre clair.
Ils sont aussi très malléables. Pour faire son premier coup d’État le colonel Azali Assoumani avait une promotion à former à Voidjou. Il leur a dit qu’il y avait du trouble à l’ordre public. Il les a alors placés dans les points stratégiques de Moroni dès le matin avec des armes sans munition. Certains d’entre eux se sentaient vraiment dans leur rôle de gardien de paix alors qu’ils étaient employés par des hommes qui venaient de mener un putch. Le colonel les a aussi utilisés au moment des élections. Alors qu’ils n’ont pas le droit de voter, il leur a fait faire des cartes électorales pour voter pour lui.
Pour beaucoup d’officiers aujourd’hui le colonel Azali Assoumani est un modèle, il a été leur formateur à Voidjou aujourd’hui il est devenu leur président.
Toutefois, ceux qui ont compris qu’ils sont utilisés pour faire régresser le pays pour l’intérêt d’une personne ont fui ces institutions en se réfugiant en France.
Mohamed Boinariziki