Après près de trois mois d’arrêt dû à la situation politique qui risquait d’engendrer des tensions comme cela a été d’ailleurs le cas à Pomoni même, les travaux de construction de la centrale solaire de type hybride PV-BESS, ont enfin repris la semaine dernière (vendredi 28 juin 2019), bien que les ambitions annoncées soient révisées de moitié à la baisse. Faute des 8 MW annoncés au départ, la centrale produira 4 MW dès le mois de novembre au plutôt. Par KAY
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Ambitions revues à la baisse
Sur le papier, la centrale devait être opérationnelle au mois de juin dernier. Mais les élections présidentielles organisées dans la même période, ont contraint les équipes techniques de la société ENGIE-EPS de suspendre les travaux à peine lancé en février dernier, pour ne reprendre que maintenant.
Il y aurait aussi des modifications sur le plan initial du projet. Le début de production théorique de la centrale est avancé au mois de novembre au plutôt.
Le système hybride PV-BESS prévu, devrait lui aussi subir quelques modifications.
Le champ photovoltaïque de la centrale de Pomoni qui était au départ un système avec Trackers solaires montés sur des structures en anneaux autour du promontoire, serait abandonné au bénéfice du système classique des panneaux montés à angles fixes. Le premier système était certes plus complexe mais intéressant et jamais construit au monde.
Une technologie gourmande en espace
Sur ce point, ZarkaouKamitoine, le directeur régiona des énergies renouvelables qui coordonne les travaux sur le site pour la partie comorienne, nous explique que cette technologie semblerait trop gourmande en espace que le système classique à angles fixes.
Un argument loin de convaincre, lorsque l’on sait que les Trackers solaires présentent de nombreux avantages par rapport aux dispositifs fixes. C’est un système particulièrement innovant, car les Trackers solaires s’adaptent aux mouvements du soleil du lever au coucher du jour.
Cette adaptation impliquerait aussi une production d’électricité jusqu’à 40% supérieure par rapport au système traditionnel à angles fixes.
Le terrain disponible à Pomoni censé accueillir le champ photovoltaïque est de 5 hectares pour une production d’environ 4 Mégawatts.
Les données officielles d’ENGIE-EPS parlent d’une installation de 5,048 MW doté d’un très fort caractère novateur.
Le caractère novateur de 8 MW du projet annoncé en grande pompe le 3 février lors du lancement des travaux en présence du président Azali et du PDG du groupe « turkysgroup » qui finance le projet, semble perdre une bonne partie de son intérêt.
Notons aussi que les experts en photovoltaïques contactés par Masiwa, démontrent que 60 m² de Trackers équivaudraient à 100 m² de panneaux au sol, permettant ainsi une vraie réduction de l’encombrement.
Et ce n’est pas tout, les Trackers ont aussi l’avantage d’être faciles d’entretien, très écologiques et particulièrement bien ventilés pour une production optimale. Montés sur un mât, ils libèrent de l’espace au sol, lui permettant d’être exploité pour la culture et le jardinage.
Ce qui est certain, le projet global reste tout de même ambitieux, car Turkysgroup compte construire trois centrales photovoltaïques à Anjouan : une à Bambao-Mtsanga, celle de Pomoni et une troisième à la centrale thermique de Trenani. Les centrales de Bambao et de Pomoni produiront chacune 4 mégawatts et celle de Trenani 2 MW, cette dernier microgrid dans la centrale servirait de compensateur aux pertes d’énergie éventuelles produites par les deux centrales (Pomoni et Bambao Mtsanga) pour obtenir un total des 8 mégawatts stables.
Anjouan a besoin en moyenne 6 MW pour la consommation quotidienne selon les données fournis l’année dernière.
Autre inconnu du projet, ENGIE-EPS a dans son carnet de commande comme révélé sur son site internet, des installations solaires qui devraient produire au total 22,1 MW à Anjouan et à Mohéli. Si on s’en tenait à cela et qu’il était prévu que Mohéli devrait avoir 2 MW de ses installations, le compte n’y est pas.
Les 12,1 MW se seraient-ils évaporés avant même la construction des centrales ?
Rappelons qu’en février 2018, le gouvernement comorien représenté par le vice-président en charge du ministère de l’énergie de l’époque, Djaffar Ahmed Saïd Hassani à travers la société Turkysgroup et la société Engie-Electro power systems (Eps), représentée par son directeur exécutif, Guiseppe Artizzu, signaient un contrat pour l’installation de deux centrales solaires à Ndzuani et Mwali d’une capacité minimale de production, de 8 MW à Anjouan et 2 MW à Mohéli. Le projet prévoyait aussi une extension à court terme d’une autre centrale à Bambao-Mtsanga de 8 MW et 2 autres MW à Trenani et 2 MW à Mohéli. Le projet est entièrement financé par le consortium tanzanien Turkysgroup qui assurera la revente de cette énergie à la SONELEC, jusqu’à un retour sur investissement estimé à au moins 10 ans. Le projet aurait pris en amont 2 ans d’étude sur le terrain, d’après les déclarations faites le 3 février lors de la pose de première pierre de la centrale de Pomoni par Guiseppe Artizzu de ENGIE-EPS.
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