La déclaration maladroite de la gouverneure «élue» occulte les errements d’une administration et d’un corps politique qui oublient les fondamentaux, la notion d’État. Hier lundi, à Mrodjou, Hassani Hamadi, gouverneur sortant devait effectuer la passation technique avec son successeur. Mhoudine Sitti Farouata, se retrouvant seule a cru bon de faire appel à un huissier pour s’approprier le gouvernorat, avant l’investiture.
[ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]«A l’heure actuelle je suis en possession de l’île de Ngazidja. Je tiens à remercier et à informer mes élus et les habitants de la grande Comores que dès maintenant je suis la propriétaire des lieux et je suis la gouverneure élue par eux. A l’heure actuelle je prends la fonction de gouverneur de Ngazidja». C’est par cette déclaration que Mhoudine Sitti Farouatta annonce son entrée en fonction et l’occupation de Mrodjou, siège de l’exécutif de Ngazidja hier lundi.
Une sortie médiatique qui suscite beaucoup de réactions à la fois sur le fond et la forme. Une procédure qui soulève des interrogations sur la conception et la perception de la notion de l’État sous les cocotiers.
Tout le monde peut convenir aisément de la maladresse du discours improvisé de la gouverneure élue. Ses conseillers ont visiblement du pain sur la planche. Les éléments de langage, le contenu des messages et les termes utilisés déroutent. Le comorien traduit en Français passe très mal et même en langue nationale, en aucun cas, aucun élu ne peut se targuer d’être «propriétaire» d’un bien commun. Il en est que locataire temporaire par la volonté du peuple, quand son expression est scrupuleusement respectée.
Quant à «l’auto investiture» prématurée, on laisse le débat aux juristes. Mais le bon sens recommande un peu patience, surtout qu’il ne reste que quelques heures avant la grande cérémonie, celle qui confère vraiment le pouvoir par la loi.
Que dire de l’absence du gouverneur sortant? Pourtant, il semble bien que la procédure suivait un cours normal. Un comité d’investiture est mis en place. Il comprend, des représentants de la présidence, du ministère de l’intérieur, de la gendarmerie et des deux équipes. Ainsi, «Aujourd’hui, comme il a été convenu avec l’ancien gouverneur, Hassani Hamadi, nous avions convenu par lettre transmise par son secrétaire général, que je devais choisir le jour, la date et l’heure entre le 20 et 22 pour la passation technique. J’ai répondu en stipulant que je viendrai lundi à 9H00 prendre possession des lieux» affirme Sitti Farouata. Elle ajoute « Malheureusement, contrairement à nos us et coutumes, contrairement à la tradition qui est de convivialité et de respect mutuel, l’ancien gouverneur Hassani Hamadi, je viens de constater, qu’il n’est pas sur les lieux ».
Il y a un peu plus d’une semaine, les commissaires de Ngazidja avaient tenu une conférence de presse pour dénoncer encore et toujours « le hold-up électoral », mais assuraient aussi la disponibilité de l’exécutif insulaire à préserver la paix, donc prêt à collaborer. Or, ni le secrétaire général du gouvernorat, membre du comité d’investiture, ni le gouverneur sortant ne se trouvait à Mrodjou.
Malentendu sur l’heure et la date du rendez-vous ou dernier acte de défiance envers le pouvoir établi ?
Toujours est-il que ces agissements de part et d’autre révèlent une certaine conception de l’État et du fonctionnement des administrations. Les considérations politiciennes l’emportent sur des dispositions légales qui ne devraient souffrir d’aucun dysfonctionnement à ce niveau. Le 23 mai Ngazidja, comme les autres îles auront des gouverneurs. Le rôle des administrations c’est de faciliter les aspects techniques. Et les politiques de les accompagner. Ce spectacle navrant d’un huissier à Mrodjou est contraire à un fonctionnement républicain.
« Avec l’huissier Mme Kamaria, il a été procédé à l’ouverture des bureaux», ce en présence du directeur de cabinet chargé de la défense, du ministre de l’intérieur, du directeur de campagne de Farouata. [/ihc-hide-content]