Tout le littoral de Foumbouni est dévasté par la tempête tropicale. La digue a cédé et les habitations ont été toutes inondées, certaines détruites et la route de Fukuni jusqu’à la mosquée de Zisimani n’existe plus. Traumatisés, les habitants dénoncent l’absence des forces de l’ordre et attendent de l’aide pour tout reconstruire. De passage, le président Azali a constaté les dégâts et insisté sur la mise en place du comité interministériel chargé du suivi-évaluation de la situation afin de préparer la phase reconstruction du pays. Par BAKARI Idjabou Mboreha
A Foumbouni, le récit du passage catastrophique de la tempête tropicale Kenneth est saisissant d’effroi. Surtout, quand les habitants du littoral osent en parler. Ce qui n’est pas évident pour tout le monde. Néanmoins, Ibou Abdou Mbaé, dont la maison maternelle est presque vide, parce que « tout a été emporté », plus de porte, encore moins de fenêtre, l’intérieur ressemble à une maison abandonnée, alors qu’il y a encore quelques jours, il n’y avait pas plus animée que cette demeure. A quelques mètres, une autre habitation construite, il y a huit mois à peine a la dalle de béton quasiment au sol, effondrée. Cette image de désolation continue sur toutes les maisons du littoral. Seule une maison un peu en hauteur et la mosquée de vendredi a échappé un peu aux assauts destructeurs des vagues. Les mosquées de Fukuni et de Zisimani ont été inondées. Le container situé à zisimani a été balancé par les vagues et retenu dans son élan par les balustrades de la mosquée. Le quai des pêcheurs n’a pas survécu aux déferlements des vagues.
Quant à la route qui longe la digue, à des endroits le dénivelé atteint facilement le mètre, à l’endroit où le tourbillon a démarré.
La digue de 2km 5, haut de 2 mètres à des endroits et large de 50 cm, précise Moussa Saanda, alias Pierrot, qui protégeait la ville a implosé, laissant flotter et ballotter, des dizaines de bloc de béton de 5 mètres parfois, transformés en projectiles contre les façades des maisons. Il en subsiste quelques vestiges : un escalier d’accès à la mer, une partie nouvellement renforcée et la partie attenante à Zisimani. Une impression d’apocalypse se dégage, malgré les efforts énormes déployés par les jeunes de la ville et de la région pour redonner un semblant de normalité à ce désastre. Les poteaux d’éclairage public solaire ont disparu du paysage.
Et fort heureusement, grâce aux 90 jeunes mobilisés, de la police municipale, de la ville et du cosep, le pire a été évité. « Parfois, l’eau nous arrivait au niveau de la hanche, mais nous avancions pour évacuer les personnes âgées » confie Ibou. Soulaimana Mhoudine de la police municipale précise : « L’alerte est donnée vers 14H30. Il y avait beaucoup de vagues qui déferlaient contre les habitations. Nous avons décidé d’intervenir et d’évacuer les biens légers et les personnes âgées. En tout, 17 foyers ont été évacués et les personnes mises en sécurité ». Une évacuation qui a concerné aussi les patients de l’hôpital situé au début de Fukuni.
D’ailleurs, un glissement de terrain a eu lieu à quelques mètres de l’entrée de l’établissement, laissant un trou béant de quelques rayons, mordant sur la bitume. Le container jadis, à côté a été déporté sur la voie publique et limite le passage. Les boutiques d’à côté ont été pulvérisées témoignant de la force destructrice du vent et des vagues.
Le tout s’est passé en moins de 4 heures se souviennent Pierrot et Maissara Mouigni Daho. « Vers 16H, des vagues de 5 mètres de hauteur, parties du Sud vers le Nord et un eautre juste au milieu ont pulvérisé la digue et tout balayé . Des blocs de 4 mètres ont été projetés dans les ruelles de la ville et l’eau a arpenté ces ruelles et pénétré jusqu’à l’intérieur de la cité». Pour Maissara, la vitesse à laquelle tout s’est enchaîné est hallucinante. « Il y a eu trois vagues successives et la quatrième a tout emporté. On a été prévenu par les services et les médias. Mais comme d’habitude, on a du mal à croire à un tel désastre .Heureusement que cela a eu lieu en pleine journée . Car rien n’a pu résister. Les portes et fenêtres se sont envolées emportées par les vagues ; on se retrouve dans le dénuement total » confie-t-elle.
La députée de la région , Hadjira, trouve les mots pour décrire la situation. « C’est une catastrophe. c’est affreux. On s’attendait à des rafales, mais de là à emporter la digue en peu de temps, c’est incroyable ».
Ce désastre, c’est ce que le président Azali est venu constater. Il a arpenté la rue sinistrée, visité les maisons détruites, échangé avec les propriétaires, saisi le marteau pour casser un morceau de la digue à terre et prononcé quelques mots à l’hôpital où l’attendait la notabilité locale. Dans sa courte allocution, le chef de l’État a déclaré que sa visite était « impérative » pour constater les dégâts et rappelé qu’un comité interministériel a été mis en place pour établir des devis après évaluation de la situation pour après mieux s’organiser pour la phase reconstruction. La contribution des fonctionnaires dans cet effort national s’inscrit dans le projet de répondre aux urgences, selon Azali, en attendant le plan national et l’aide de la communauté internationale, laquelle communauté a prouvé son soutien.