Invité du jour de votre journal Masiwa, le candidat à l’élection de gouverneur de Ngazidja et non moins ancien ministre de l’intérieur (par intérim), Mohamed Abbas El-had. Alors que l’opposition est à cheval sur la réactivation du fameux protocole d’accord sur la sécurisation des élections de 2016, Abbas El-had qui fut le principal artisan donne ici son avis quant à cette demande pressante. Est également abordée la question des prisonniers politiques lesquels ont une chance de recouvrer leur liberté si et seulement si le président de l’assemblée daigne convoquer la session extraordinaire demandée par la majorité parlementaire, en vue d’examiner la proposition de loi dite d’amnistie. Propos recueillis par Toufé Maecha
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Masiwa : Vous visez Mrodjou. Pourquoi ce choix sachant que les gouvernorats sont vidés de leur substance en matière d’autonomie ?
Abbas Mohamed El-had: D’abord, je souhaite apporter ma contribution à l’édification de la société comorienne. Je suis un serviteur de l’État, je dois continuer. C’est dans cet élan que je veux apporter quelque chose au niveau de l’île de Ngazidja. Effectivement il y’ a eu des reformes constitutionnelles l’année dernière. Certaines prérogatives sont centralisées au niveau de l’Union à titre administratif. Le plus important c’est la sécurisation de l’argent public. Si on met en place un guichet unique, tant mieux. Maintenant, ce qui nous intéresse c’est le respect des dotations dévolues à l’île. Essayer de mettre en œuvre les engagements que nous avons pris conformément à la constitution : l’élevage, l’agriculture, le tourisme mais aussi les compétences partagées avec l’Union par exemple, les collectivités locales, la santé, ainsi que l’éducation.
Masiwa : Est-ce que vous n’avez pas peur qu’on vous mette des bâtons dans les roues une fois à Mrodjou ?
A M E-H: J’ai toujours dit qu’on doit clarifier les missions des uns et des autres. D’abord ce qu’on appelle la conformité juridique des textes parce qu’il y a une nouvelle constitution et des lois notamment celle relative à la décentralisation. Donc tout ça doit être en harmonie pour éviter la cacophonie. Nous souhaiterons avoir des autorités centrales qui vont avoir un peu de pitié de laisser les entités insulaires s’épanouir.
Masiwa : Quel est votre rapport avec le pouvoir central ?
A M E-H : Je suis un homme politique, je me prononce sur les actualités politiques. Je ne suis pas hostile à personne. Je fais certaines critiques constructives. Il y en a que ça gène et d’autres qui comprennent. C’est ma contribution pour que ceux qui décident rectifient le tir sur la gestion des affaires de l’État.
Masiwa : Vous n’êtes pas trop présent sur le terrain pour la campagne. Ou bien cette invisibilité serait due à un manque de communication ?
A M E-H: J’ai commencé à sillonner l’île de la Grande-comore. Je suis un candidat indépendant. Je n’ai pas une alliance avec un parti quelconque. Je privilégie la campagne de proximité en organisant des conférences-débats pour échanger avec les citoyens ainsi que les organisations socioprofessionnelles.
Masiwa: Quelle sera votre priorité une fois à Mrodjou?
A M E-H: J’ai toujours dit que c’est d’abord d’essayer de mettre une équipe très pointue pour entourer le gouvernorat. Et deuxièmement, faire un état des lieux du patrimoine de l’île. Essayer de faire le travail de conformité juridique des textes à la suite de la nouvelle constitution, essayer de réactiver la coopération décentralisée et l’apport de la diaspora pour le développement de Ngazidja.
Masiwa : Vous avez maintes fois plaidé pour la libération des prisonniers politiques. Les députés ont pris l’initiative de demander au président de l’assemblée de convoquer une session extraordinaire en vue d’examiner la loi d’amnistie. Qu’en attendez-vous?
A M E-H: Je souhaiterais que ces prisonniers soient libres à partir d’aujourd’hui pour qu’il y ait un apaisement au niveau du pays. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, les députés ont pris cette initiative. J’estime que le président de l’assemblée nationale a l’obligation d’entendre ses collègues qui ont pris cette initiative conformément à la loi. Le président doit quand-même respecter ses collègues qui ont exprimé leur souhait d’examiner une loi qui devra permettre à leurs frères et sœurs de retrouver leur liberté.
Masiwa : Vous étiez au cœur des élections de 2016 en assurant l’intérim du ministre de l’intérieur. Acteur clé du fameux protocole d’accord sur la sécurisation des élections, pensez-vous que l’exigence de l’opposition de réactiver ce protocole est légitime ?
A M E-H: Tout le monde souhaite la sécurisation de ces élections. C’est naturel. C’est humain. Reste à savoir si les autorités actuelles vont tenir compte des préoccupations des candidats de l’opposition et indépendants. Moi je crois que l’accord en question n’était pas contraire à la loi. C’est ce qui est intéressant. C’est pour cela d’ailleurs que nous n’avons pas impliqué la Cour constitutionnelle (devenue Cour suprême à l’issue du referendum du 30 juillet 2018, Ndlr). Je ne vois pas le problème de permettre aux candidats de suivre de bout en bout le processus électoral.
Masiwa : L’opposition mise beaucoup sur la communauté internationale pour faire bouger les lignes. Selon votre expérience, est-ce la bonne stratégie ?
A M E-H: Je ne connais pas leur stratégie. Je trouve par contre qu’il y a une contradiction. Il y a certains candidats qui veulent la communauté internationale et d’autres qui n’en veulent pas. Je ne sais pas exactement quelle stratégie ils ont adoptée. Leurs diverses allocutions à l’occasion du meeting au stade Ajao me laisse un peu perdu.
Masiwa : Beaucoup de candidats à la présidentielle prônent le retour de la constitution de 2001 s’ils sont élus. Quelle sera votre position si vous êtes élu à la tête de Ngazidja ?
A M E-H: C’est le président qui est habilité à faire modifier la constitution, pas le gouverneur.
Masiwa : Mais vous avez quand-même un avis…
A M E-H: Encore une fois ça ne sera pas à moi de faire modifier la Constitution. Toutefois je me soumettrai à la décision souveraine du peuple.
Masiwa : Un dernier mot ?
A M E-H: Je souhaite que les élections se déroulent dans le calme et la sérénité. Mais également nous permettre de présenter nos projets politiques que nous essayons de discuter ensemble avec la population. Je souhaite être élu pour mettre en œuvre ce programme avec l’aide de mes compatriotes.
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