Entreprendre, plusieurs jeunes aimeraient se lancer. Mais des moyens financiers limités et des taux d’intérêt élevés (7 à 14%) et une méconnaissance des mécanismes freinent cet élan. En coopération avec l’Université des Comores, l’Union des chambres de commerce de l’industrie et de l’artisanat a organisé une conférence-débat à Mvouni-Université sur le thème de la culture entrepreneuriale, animée par Aicham Itibar, avocat d’affaires et Nadia Soilihi responsable innov’lab uccia, devant un amphithéâtre plein ce mardi 27 novembre. Par ce biais, L’uccia essaie de sensibiliser les étudiants sur l’entrepreunariat et susciter des vocations.
Entreprendre aux Comores, nombreux sont ceux qui ont des idées, qui ont la fibre, la ferveur de devenir leur propre patron. Or, dans l’archipel, le chemin qui mène à la création d’entreprise est un parcours de combattant, mais pas impossible. Certains jeunes réussissent. Cependant, 80% des entreprises créées disparaissent en 3 ans, selon Nadia Soilihi responsable Innov’lab incubateur d’entreprise de l’Union des Chambres de Commerces de l’Industrie et de l’Artisanat (uccia).
La promotion de la création d’entreprise fait partie des missions de l’Union des chambres. C’est dans cette perspective qu’en collaboration avec l’Université des Comores, l’uccia a organisé une conférence débat dans le site de Mvouni sur le thème de : Sensibilisation : « culture entrepreneurial « entreprenez pour l’avenir » »
Dans son discours d’ouverture, son Secrétaire Général, Fakriddine Abdoulhalik a souligné l’importance qu’ont les initiatives personnelles au sien d’une économie, un peu plus aux Comores, car le taux de chômage actuel est flagrant. Il a aussi dressé le tableau de l’économie pays. Selon lui, « bien que le revenu national brut par habitant frôle les 800 dollars et le taux de croissance est de 4%(…) 45% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté dans laquelle une grande partie des jeunes comoriens s’inscrivent, diplômés ou non ». De rajouter, « le taux du chômage des jeunes avoisine les 52%. Un taux d’inactivité de plus de 70% chez les jeunes de moins 30 ans ». Pour lui, il est impératif que l’udc propose des formations adéquates aux besoins du pays. Néanmoins il a aussi indiqué que le climat des affaires n’est pas propice dans la conjoncture actuelle du pays. Surtout, que le secteur privé n’est pas suffisamment soutenu par les autorités compétentes pour aider à l’amélioration de la croissance économique.
Aicham Itibar, avocat en droit des affaire a présenté le statut juridique de « l’entreprenant », les avantages qu’il bénéficie en se formalisant mais aussi les inconvénients. Il a aussi fait part de certaines règles de l’Ohada. Ainsi, les marchands ambulants, sont «des entreprenants en puissance». En s’enregistrant, «ils bénéficieraient d’un fonds de commerce et de la confiance des banques, donc l’accès au crédit. Ils accéderaient gratuitement au statut de commerçant et un statut fiscal privilégié avec la taxe à usage unique ». Conséquence, le paiement direct des impôts ce qui est normal.
Taux d’intérêts dissuasifs
De l’intervention d’Aicham Itibar, l’évocation des taux d’intérêts a retenu l’attention. De 7 à 14%, le taux que les banques appliquent lors des prêts accordés aux clients. Pourtant le taux d’usure est d’exactement 13%. Selon lui, il n’est pas possible que les banques pratiquent un taux de moins 7%. La cause, la banque centrale des Comores, (BCC) prête aux institutions financières à un taux directeur de 6%. Pire encore, selon lui, «le taux effectif global de la Meck est de 27% ». L’explication donnée par l’avocat est que les emprunteurs ne payent pas, ou ont du mal à respecter les échéances. L’institution financière conteste ce taux, quelque soit le produit proposé et envisage de communiquer prochainement sur les taux qu’elle pratique.
On comprend mieux lorsque Fatima Iliasse de Harmony tropic déclare, qu’elle « n’est pas prête à avoir un infarctus à cause des échéances instaurées par les banque et leurs forts taux d’intérêts ». Un taux d’intérêts qui pose problème. Plus de 100 affaires sont traitées devant la justice par an par les spécialistes de droit des affaires. Or malgré cela l’avocat a rassuré les étudiants. «Vous n’êtes pas obligés de faire des emprunts avec les banques. Car aujourd’hui, il y’a la loi sur le crédit-bail. Cependant, elle n’est toujours pas appliquée». En effet, depuis 2012 qu’elle a été promulguée, elle n’a jamais été appliquée mais reste dans les tiroirs. Beaucoup de risques pour les banques dira-t-on.
Qu’elle est le rôle de la banque centrale alors ? N’est-elle pas supposée assurer la régulation?
Par Hayatte Abdou