De retour d’un séjour dans notre archipel bien-aimé, je ne peux m’empêcher de partager mes inquiétudes profondes quant à l’avenir de nos îles.
En parcourant les villes et villages de Ngazidja, j’ai été frappé par une réalité qui ne peut être ignorée : les Comores, autrefois verdoyantes et majestueuses, sont en train de disparaître sous une mer de béton. Partout, on coupe les arbres, on érige des bâtiments sans respect pour l’environnement ni pour les normes élémentaires de construction. Les maisons poussent comme des champignons, souvent sans permis, sans contrôle des autorités locales ni plan d’urbanisme cohérent.
Ce développement anarchique, bien loin d’un quelconque progrès, menace notre fragile écosystème insulaire. L’urgence est de retrouver un équilibre. L’État et les mairies doivent impérativement reprendre le contrôle de ces constructions et mettre en place des réglementations strictes. Il est temps de penser à des solutions écologiques, adaptées à notre environnement unique. Sans cela, nous risquons de voir nos forêts disparaître, nos sols dévastés et nos générations futures privées d’un cadre de vie sain.
Un autre fléau qui frappe notre pays est celui de l’électricité – ou plutôt de son absence. Depuis huit ans, depuis le retour d’Azali à la présidence, le pays est plongé dans l’obscurité. Les coupures d’électricité sont devenues le quotidien des Comoriens, malgré les milliards soi-disant investis pour rétablir un service de base digne de ce nom. Et qu’avons-nous en retour ? Des promesses non tenues, des discours sans fin, et une entreprise nationale de l’électricité dirigée par des incompétents.
Le directeur de cette société avait promis de rétablir l’électricité en 90 jours. Où en sommes-nous aujourd’hui ? Les délestages sont plus fréquents que jamais, paralysant les commerces, compromettant la santé publique et plongeant des familles entières dans le désarroi. Ce n’est pas seulement une question d’infrastructure défaillante, c’est une question de gestion chaotique et d’absence totale de vision.
Sur le plan politique, la situation est tout aussi alarmante. Alors que le président Azali se pavane dans les régions dans lesquelles des hommes qui y sont originaires viennent d’être nommés ministres, les habitants continuent de vivre sans routes accessibles, sans électricité, mais avec des sourires sur leurs visages fatigués. Ces sourires, trompeurs, masquent mille soucis : la difficulté de nourrir sa famille, l’accès à des soins de santé décents, l’éducation des enfants, et surtout, l’absence d’espoir pour l’avenir.
Nos jeunes, désillusionnés, ne rêvent plus que d’une chose : quitter un pays qui ne leur offre plus rien. L’idée d’un « renouveau » politique, avec quelques nouvelles têtes dans le gouvernement, est une farce. Les anciens ministres, supposément remplacés, sont simplement recasés en tant que conseillers, bénéficiant toujours de leur rang de ministre. Quant à l’Assemblée nationale, elle est muette, et l’opposition, réduite au silence, ne joue plus son rôle de contre-pouvoir.
Ce qui se dessine aujourd’hui aux Comores est un scénario de succession familiale sans entrave, où le président Azali semble préparer tranquillement la voie pour son fils. Nous avons désormais deux gouvernements : celui du père et ses ministres et celui du fils et ses chefs de pôles, secrétaire général du gouvernement et président bis en devenir. Et l’Assemblée nationale ? Absentéiste. L’opposition ? Inerte. Tout cela se déroule dans l’indifférence générale, comme si notre destin était scellé.
Pauvres Comores… Comme dirait l’autre. IBRAHIM Mahafidh Ed