Aux Comores, l’éducation se transformerait grâce à un partenariat stratégique entre les écoles et les musées, marquant une révolution dans la manière dont l’apprentissage est vécu et dispensé.
Par Azhar de Youssouf, Gestionnaire du musée de la monnaie
Ce projet ambitieux vise à enrichir l’expérience éducative des élèves en intégrant pleinement les musées comme des ressources pédagogiques vitales, plutôt que de simples lieux de visite occasionnelle. Dans cette perspective, les musées deviennent des extensions dynamiques de la salle de classe, offrant aux élèves un environnement immersif pour explorer les sujets académiques d’une manière plus tangible et interdisciplinaire.
En créant des « musées à l’école » et en encourageant les visites scolaires aux musées, cette initiative rendra l’éducation plus interactive et immersive pour les élèves comoriens. Les musées offrent des opportunités uniques pour illustrer des concepts académiques à travers des artefacts tangibles, des expositions interactives et des récits culturels. Ils permettent aux élèves de voir et de toucher des objets représentant l’histoire, les sciences, l’art, et la culture, rendant ainsi l’apprentissage plus concret. Les expositions muséales stimulent la curiosité, favorisent la pensée critique et encouragent l’interaction, aidant les élèves à analyser et interpréter des informations visuelles et textuelles.
De plus, les musées jouent un rôle crucial dans la préservation de l’héritage culturel et historique des nations, permettant aux élèves de se connecter avec leur patrimoine et d’apprécier leur identité nationale. En créant des musées à l’école, les établissements scolaires deviennent des espaces dynamiques d’apprentissage continu. Les élèves participent à la collecte et à la présentation d’artefacts locaux, des objets du quotidien, et des œuvres d’art créées par eux-mêmes, développant une appréciation pour la conservation et la présentation des objets. Ces mini-musées peuvent accueillir des expositions temporaires sur des thèmes variés, en lien avec le curriculum scolaire, permettant une intégration flexible des sujets abordés en classe. Les élèves peuvent également entreprendre des projets de recherche autour des collections du musée de l’école, développant des compétences en recherche, en documentation et en présentation.
Un exemple probant de ce type de partenariat est la pratique annuelle des sorties scolaires au musée de la monnaie de la Banque Centrale des Comores, effectuées par l’école maternelle Les Pouffins. Ces visites permettent aux jeunes élèves de découvrir l’histoire et l’évolution de la monnaie aux Comores à travers des expositions éducatives et des activités interactives. Cette initiative pourrait servir de modèle pour d’autres établissements scolaires, les incitant à organiser des sorties similaires, non seulement au musée de la monnaie mais aussi au musée du Centre National de Documentation et de Recherche Scientifique (CNDRS), qui propose une nouvelle exposition sur la biodiversité riche et variée des Comores.
Organiser des visites régulières aux musées offre plusieurs avantages pédagogiques. Les musées agissent comme des extensions naturelles de la salle de classe, offrant des environnements riches et diversifiés pour l’apprentissage en dehors des murs scolaires. Les visites permettent aux élèves de s’immerger dans des environnements éducatifs thématiques, de participer à des ateliers pratiques, et de voir des expositions spéciales qui enrichissent leur compréhension du monde. Les visites aux musées encouragent également les élèves à explorer et à s’engager dans leur communauté, les sensibilisant aux ressources culturelles et éducatives disponibles dans leur propre environnement.
Ce partenariat entre les écoles et les musées aux Comores représente un pas important vers une éducation plus riche et interactive. En intégrant les musées comme des ressources pédagogiques et en développant des mini-musées dans les écoles, les éducateurs créent des opportunités pour un apprentissage contextuel et immersif. Ces initiatives enrichissent le curriculum scolaire tout en cultivant une appréciation profonde pour la culture, l’histoire, et les arts, formant ainsi des citoyens mieux informés et engagés. Les enseignants sont encouragés à collaborer avec les musées pour élaborer des programmes éducatifs adaptés, à intégrer les ressources des musées dans leur planification pédagogique, et à organiser des visites et des projets en lien avec les expositions et les collections muséales. Ce partenariat innovant est une étape vers un avenir éducatif plus interactif, stimulant et culturellement enrichi pour les élèves comoriens.
Cependant, malgré les bénéfices considérables offerts par les musées existants, il est essentiel de se poser des questions sur l’absence de musées spécialisés aux Comores, qui pourraient encore davantage enrichir le paysage éducatif et culturel du pays. Pourquoi les Comores ne disposent-elles pas de musées spécialisés tels que des musées de la Poste, des musées des tissus et des arts décoratifs, ou encore des musées pour enfants ? Un musée de la Poste, par exemple, pourrait offrir des insights fascinants sur l’évolution des communications, tandis qu’un musée des tissus et des arts décoratifs pourrait mettre en lumière l’histoire et les techniques des textiles traditionnels comoriens.
Un musée pour enfants pourrait fournir un espace interactif conçu spécifiquement pour les jeunes, favorisant l’apprentissage par le jeu et l’exploration sensorielle. De même, un musée de l’agriculture pourrait exposer l’évolution des pratiques agricoles, des cultures locales, et des innovations dans le secteur. Un musée de la pêche pourrait explorer l’importance de la pêche dans la culture et l’économie comorienne, présentant des techniques traditionnelles et modernes de pêche ainsi que des informations sur la biodiversité marine.
La création d’un musée colonial permettrait de documenter et de discuter de manière critique l’histoire coloniale des Comores, offrant une plateforme pour comprendre et réfléchir sur les impacts du colonialisme. En outre, un musée d’art contemporain pourrait servir de vitrine pour les artistes comoriens, permettant aux élèves et au grand public de se familiariser avec les formes d’expression artistique moderne et contemporaine. Ces musées spécialisés joueraient un rôle crucial en enrichissant la culture accessible aux élèves et au public en général, offrant des perspectives diversifiées sur l’histoire, l’art, la technologie, et l’environnement des Comores.
Pour concrétiser cette vision d’une éducation plus riche et interactive, il est crucial que le gouvernement, les institutions publiques et privées, ainsi que les communes s’engagent à créer des musées spécialisés. En développant ces espaces, ils rendraient la culture accessible à tout le monde, en particulier au monde scolaire, en permettant une intégration plus étroite entre l’éducation formelle et l’apprentissage culturel. De plus, la création de musées spécialisés pourrait dynamiser le secteur touristique, en attirant des visiteurs intéressés par des expositions uniques et par le riche patrimoine culturel des Comores. Ces initiatives permettraient non seulement d’enrichir le curriculum scolaire mais aussi de renforcer l’identité culturelle comorienne, en favorisant la préservation et la valorisation du patrimoine unique des Comores, tout en contribuant au développement économique par le biais du tourisme culturel.