Dix jours après la réaction de Me Mzimba à la décision du juge électoral déclarant Azali Assoumani élu et créant une polémique, l’avocat qui était conseiller du candidat Salim Issa a convoqué la presse chez lui à Batsa-Itsandra le 3 février. Ce fut un exercice d’équilibriste où la ligne de nuance est parfois mince entre un choix judicieux et une gaffe épouvantable.
Par Hachim Mohamed.
Entouré de quelques membres de son parti, « Le Pari », assis autour d’une table ronde, Me Mzimba a livré la vision politique de cette formation aux antipodes du climat de changement par la violence ou la révolution.
Une sortie condamnée par tous
Mzimba estime que ses propos avaient été mal interprétés. Il avait affirmé qu’en tant que juriste il ne pouvait que respecter la décision des juges de la Cour Suprême. Durant la conférence de presse, l’avocat a essayé d’expliquer ce qu’il entendait par « respect de la décision de la Cour Suprême ». Pour lui, sa sortie sur la décision de la Cour Suprême ne peut pas être appréhendée de façon claire. Il a dénoncé des attaques partisanes et personnelles, et même des insultes. Il a fait allusion aux formules lapidaires et blessantes ou aux dénigrements systématiques et inutiles qui lui avaient été adressés via le téléphone. Il était ostensiblement dans une colère noire et profondément meurtri.
Les propos de Mzimba ont entaché les relations entre lui et le candidat Dr Salim Issa Abdalah qui, selon Mzimba, n’a pas compris ce qu’il voulait dire à propos de décision de la Cour Suprême.
« Pour une personnalité qui a soutenu ma candidature, sa sortie était inattendue. Je trouve que son attitude est pour le moins cavalière et le président Azali Assoumani, en la commentant, a confondu dans les remerciements le parti « Juwa » qui a récusé en bloc et les résultats provisoires de la CENI et ceux de la Cour Suprême. », déplore Dr Salim Issa Abdallah.
Pour l’avocat, qui a reconnu pendant la conférence de presse avoir dit qu’il respectait la décision de la Cour Suprême en plus de se soumettre à celles de toutes les juridictions de son pays, il n’y a eu aucune gaffe majeure susceptible de semer la pagaille.
Pour se défendre de son attitude jugée cavalière, le leader du parti « Le pari » a sorti la loi sur l’ivoirité qui a été votée par la Haute Cour de justice de la Cote d’Ivoire : le candidat au scrutin présidentiel doit être Ivoirien de père et de mère. L’actuel président Alassane Ouattara de ce pays en fut la première victime politique, empêché de se présenter aux élections de 1995 et de 2000 pour cause de « nationalité douteuse ». Alassane Ouattara avait déclaré qu’il n’avait jamais vu une loi aussi inique au monde, mais il respectait la loi de son pays même si on estime qu’elle est mauvaise. Devenu plus tard le président de la République de la Cote d’Ivoire, il a changé cette loi scélérate par referendum le 30 octobre 2016.
Boulets rouges contre le Front commun anti-élections
Durant toute la conférence, le leader de « Le pari » n’a eu de cesse de tirer à boulets rouges sur le Front Commun anti-élections dont il dit ne pas comprendre l’« hostilité viscérale » à son égard.
Au-delà de la polémique sur les instituions, Me Ibrahim Mzimba a passé en revue la manière dont le Front Commun anti-élection a semé la discorde au sein de son parti comme dans les rangs de l’opposition élargie pour le double scrutin. Pour Me Mzimba, le Front Commun anti-élection a transformé le combat d’idées en attaques frontales et personnelles.
« Avec les abominations infligées par un grand insulteur, Barouf et ses acolytes du Front Commun anti-élection sur mon compte, nous avons rompu les amarres et avons décidé de ne plus travailler avec eux… plus question que nous soyons partenaires dans le combat. », confie-t-il aux journalistes réunis chez lui.
La lutte et la résistance ont porté leurs fruits
L’avocat a également mis l’accent sur les dividendes de la participation au double scrutin de 14 janvier. Pour lui, la rencontre était aussi l’occasion de magnifier la fraternité retrouvée pendant la campagne électorale de la coalition de 11 partis réunis autour de Juwa.
« Ce que nous avons escompté en apport de voix sur la ville de Dembeni, de Foumbouni et dans le Mbadjini en sa globalité, a largement répondu aux attentes de l’opposition. On s’est rendu compte que le parti CRC est ultraminoritaire. Incontestablement, on a mis à genoux le régime qui a tremblé. Et la population comorienne, qui a retrouvé la liberté de s’exprimer, était contente. ! », a-t-il commenté un brin soulagé.
Ibrahim Mzimba s’est enfin livré à une démonstration sur les calculs de votes. Sur 100 électeurs inscrits sur le registre de la CENI, affirme-t-il, il faut au bas mot 50% de personnes qui ont voté pour que le scrutin soit validé, légitimé. Et pour gagner au premier tour, en poursuivant son raisonnement, il faut au moins 25% de ces effectifs avec le rajout d’un point pour qu’un gagnant potentiel puisse passer directement au premier tour.
Il a insisté sur l’impossible de gagner au premier tour comme l’a fait croire sur la base de faux chiffres la Cour Suprême.
Dans son long exercice Me Mzimba a expliqué que la loi est impersonnelle qu’elle soit à notre gout ou pas, par sa portée générale qui est un principe universel, elle s’applique à tout le monde. Il a évoqué son parti en expliquant que c’est un parti démocratique donc que le scrutin soit bien organisé ou pas, qu’il y ait des fraudes ou pas, les membres de sa formation politique acceptent d’aller aux élections parce qu’ils ne sont pas des révolutionnaires.