Dans la soirée du 25 janvier l’Alliance de la Mouvance Présidentielle (AMP) fêtait la victoire du président Azali Assoumani et du nouveau gouverneur Dr Zaidou Youssouf, des échauffourées ont éclaté lorsque le cortège est arrivé à Ouani.
Par Naenmati Ibrahim
Tout a commencé par une fête organisée par le directeur général de l’ONICOR, Abdou Miroidi. L’idée était de défiler pour montrer sa joie d’avoir obtenu la victoire malgré les difficultés et les contestations de l’opposition. Le défilé a fait le tour de Mutsamudu, chef-lieu de l’île et ville d’origine du Dr Zaidou, le nouveau gouverneur d’Anjouan et à Mirontsi, l’endroit où se tenait la fête qui est la ville de Miroidi. Dans la foulée, ils ont décidé d’aller ensuite à Ouani qui est la ville de la ministre de la Santé Loub Yakout Zaidou, qui est en fait l’épouse du nouveau gouverneur. C’est dans la localité de celle-ci que les problèmes ont commencé.
Trois villes voisines
D’après un témoignage, des jeunes qui étaient au rond-point d’Ouani ont dit à des passagers de Bazimini qui allaient à la fête de ne pas emmener le défilé à Ouani et que s’ils venaient, ils verraient. Mais, comme il y avait la joie et le soulagement d’avoir réussi à arracher la victoire, le défilé est allé jusqu’à Ouani. Sur place, un jeune homme a jeté une pierre et a touché une femme de Mirontsi. À ce moment-là, les Mirontsiens qui ont vu l’incident ont réagi en ripostant avec des jets des pierres sur la maison du jeune. Les troubles ont alors commencé entre les deux camps faisant des blessés des deux côtés et des dégâts matériels dans la ville d’Ouani. Parmi les blessés, on compte le fils du maire d’Ouani. Certains ont d’abord prétendu qu’il était blessé par balle, mais selon son père qui a été interrogé le lendemain, il a été blessé par une pierre et avait aussi reçu un coup de couteau à la cuisse.
Ces affrontements survenus dans la ville d’Ouani, il faut les replacer dans le cadre de la crise postélectorale. Le scrutin du 14 janvier a provoqué des tensions dans les trois îles à cause de la façon dont le scrutin s’est déroulé. Dans certains endroits il y a eu des contestations. Toutefois le calme était revenu à Anjouan, tandis qu’à Ngazidja la contestation avait repris. Mais, au bout de deux jours d’affrontements avec l’armée, il y a eu un apaisement dans les trois îles en attendant la décision de la Cour suprême. Celle-ci a déclaré les candidats de l’AMP vainqueurs dès le premier tour.
La décision de la Cour n’a pas été suivie de nouvelles troubles et on pouvait penser que le calme était revenu. Mais, le 25 janvier, surviennent ces troubles entre Ouaniens et Mirontsiens montrant que la frustration de la population est bien là et qu’il suffirait d’un rien pour provoquer une confrontation entre civils et militaires ou entre différents clans. Le conflit est bien présent puisque les tensions sont là même si le silence domine.
L’armée toujours prête à intervenir.
Durant ces échauffourées à Ouani, il a fallu l’intervention des militaires pour réussir à disperser les gens. Cependant, malgré l’intervention de l’armée, les deux parties ont refusé d’arrêter les affrontements et cela a duré plusieurs heures. Il a fallu que l’armée utilise des gaz lacrymogènes. Selon certains témoignages, il y a eu des coups de feu, mais le maire d’Ouani a fait un démenti lors de son interview sur un média en ligne. Et selon lui, les militaires étaient là pour apaiser et remettre de l’ordre, donc ils ont utilisé juste du gaz lacrymogène pour les disperser. Le maire d’Ouani en a profité pour lancer un message de paix et demander à certains de cesser d’attiser la haine.
À cause des tensions postélectorales que connait le pays, l’armée est présente partout, comme dans un pays en guerre. Le pays n’est plus vraiment sûr, les activités dans le chef-lieu d’Anjouan régressent. Les bus qui vont à Mutsamudu sont à moitié vides, on dirait que la peur s’installe petit à petit. Les citoyens anjouanais redoutent une guerre civile. Les gens ont le sentiment que le pays vient de tomber dans une impasse dont l’issue semble incertaine.
Il suffirait de regarder les visages des gens dans les rues pour voir que le désespoir et l’incertitude viennent de s’installer.