À travers un communiqué, l’équipe nationale des Comores (les Cœlacanthes) accuse la Fédération de Football des Comores (FFC) de ne pas assumer ses responsabilités. Cela n’a pas laissé insensible la FFC qui a répondu par un autre communiqué.
Par Abdouroihmane Ibrahim
Le conflit entre la sélection nationale masculine de football des Comores et sa fédération prend des proportions inimaginables. Avec un communiqué relatant les problèmes internes, notamment l’éclairage, la taille des maillots ou encore la réservation d’hôtels, les Cœlacanthes demandent aux dirigeants de prendre conscience de leurs actes et d’assumer leurs responsabilités. Toutefois, la fédération ne semble pas d’accord avec ces accusations et démontre que certains de ces incidents sont justifiés comme le cas de la réservation d’hôtel.
Une fédération qui n’assume pas ses responsabilités
Dans leur communiqué les Cœlacanthes ont exposé des incidents majeurs que la FFC aurait pu éviter si cette dernière assumait ses responsabilités. Ils parlent d’emblée de l’absence d’éclairage du terrain pendant l’entraînement par manque de carburant. Ensuite, Il y a les maillots des joueurs qui semblent être un handicap pour l’équipe. On ne parle pas seulement de la commande tardive qui a conduit dernièrement l’équipe à aller en Italie avec précipitation pour récupérer ses équipements, mais aussi de leurs tailles. Lors de leur dernier match, tous les joueurs se sont retrouvés avec des maillots de même taille. Et ils s’en sont plaints, car bien que ces maillots étaient trop petits pour certains et trop grands pour d’autres, c’était pendant un match et ils ont été contraints de les porter. Enfin, l’équipe a parlé des convocations qui ont souvent été envoyées tardivement aux clubs et qui mettaient les joueurs dans des situations désagréables. Et pour éviter le désagrément, l’ex-coach de la sélection se voyait obligé de rédiger lui-même les convocations pour s’assurer qu’elles arriveraient à temps. Mais, cela ne s’arrête pas là dans la mesure où l’équipe des Cœlacanthes n’y est pas allée de main morte. Les joueurs ont parlé aussi de la réservation d’un hôtel en Turquie. Car à cause d’une facture qui n’aurait pas été réglée, les joueurs auraient pu être expulsés. Encore une fois, la Fédération a manqué à ses obligations.
Une fédération qui déshonore l’équipe nationale.
Lors du match du 8e de final de la dernière CAN qui opposait les Comores et le Cameroun, un changement de règle n’aurait été appliqué qu’aux Comores empêchant leur gardien de jouer. Accablés, les joueurs tout comme les supporters s’attendaient à une protestation de la Fédération, cette dernière se serait abstenue. Et pour couronner le tout, le président de la Fédération, Saïd Ali Saïd Athoumane, avait déclaré devant Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise, qu’il avait invité aux Comores que les Cœlacanthes avaient triché avec leurs joueurs atteints de Covid et qu’ils avaient accusé la Fédération camerounaise et la CAF. Une accusation grave qui pouvait porter un déshonneur au parcours des Cœlacanthes dans la CAN 2021.
Les joueurs-cadres de l’équipe ont manifesté, encore une fois, leur mécontentement à l’égard de l’amateurisme manifeste de la Fédération, en s’abstenant de se rendre au regroupement avec le nouvel entraineur, Stefano Cusin. auraient reçu la convocation mentionnant le nom de leur nouvel entraîneur bien que ce dernier ne s’était pas encore engagé au moins officiellement auprès de la Fédération. Et dans la liste finale des vingt-trois joueurs, certains joueurs n’ont finalement pas été inclus alors qu’ils avaient bel et bien reçu ladite convocation. Ce qui est indéniablement injuste dans la mesure où, des joueurs blessés et indisponibles y sont inclus. Ces joueurs à qui on a envoyé les convocations et qui sont malheureusement exclus de la liste finale ont témoigné de leur contrariété. Et ils pensent qu’avant de partager la liste finale des joueurs convoqués sur les réseaux sociaux, il est courant d’envoyer une préconvocation à un groupe élargi. Cela leur permet d’éviter de se retrouver face à des situations embarrassantes.
Les joueurs interrogent le président de la Fédération
Dans leur communiqué, les joueurs se posent beaucoup de questions notamment sur les dates du regroupement, sur la préparation des éliminatoires à la coupe du monde, sur les sponsors, sur le fait que l’équipe ne gagne pas d’argent avec le nouvel équipementier, sur les salaires toujours payés en retard…
Et ils ont affirmé qu’ils auraient préféré poser ses questions en privé au président de la fédération, mais le manque de communication semble les avoir empêchés de le faire. Pourtant, ils auraient plusieurs fois essayé. Ils exigent des explications pour eux et pour les supporters.
La FFC n’est pas restée indifférente aux accusations portées par l’équipe nationale. Dans un communiqué signé par le secrétaire général, elle affirme que sa loyauté envers l’équipe nationale est incontestable et ne permet pas qu’on la remette en question. Elle dit qu’elle répondra et clarifiera les choses au moment propice. Sa préoccupation première reste l’intégration du nouveau coach dans l’équipe.
Quand a l’absence de dialogue, sur RFI, le président de la Fédération affirme que cela ne venait pas de la fédération.
Pour lui, un groupe de joueurs a l’habitude de parler au nom du groupe entier, en connexion avec certains membres du staff. Quant à la demande des joueurs d’augmenter les primes pour le prochain rassemblement, le président estime qu’il s’agit d’une forme de chantage et non un dialogue. « L’ancien sélectionneur Amir Abdou peut en témoigner, avant la CAN au Cameroun, certains joueurs menaçaient de ne pas participer si certains de leurs amis n’étaient pas convoqués. À ce niveau-là, il y a absence de dialogue », affirme le président de la Fédération.
La supposée implication Ben Amir Saadi, ancien manager général
Des accusations ont été portées dans les réseaux sociaux sur Ben Amir l’accusant d’être derrière le communiqué des joueurs et de les manipuler, car il a soutenu la continuité et prôné pour le maintien de l’ancien coach. « C’était un avis personnel qui n’était dicté nullement par un quelconque intérêt, car j’ai trouvé que Younes avait fait du bon travail malgré la non-qualification », affirme-t-il. Selon lui, La FFC a choisi un autre sélectionneur, ils ont tous pris acte et l’affaire était close.
“Cela fait maintenant quatre ans que j’ai démissionné de mon poste de manager général des Comores, et depuis, je n’ai jamais interféré dans les affaires de mes successeurs. C’est une règle que je m’applique, car je n’aime pas qu’on s’immisce dans mon propre travail », confie-t-il à Masiwa.
Il a rappelé que lorsqu’on l’a sollicité pour revenir à certains moments tendus entre le staff, les joueurs et la fédération, il a toujours décliné. Cependant, il a toujours été prêt à offrir des conseils lorsque cela lui était demandé, partageant son expérience aussi bien du côté des joueurs que de la fédération.
Ben Amir pense que c’est un manque de respect envers les joueurs, leur intelligence et leur autonomie que de croire qu’ils sont manipulés. Ils ont le droit de penser par eux-mêmes et de défendre leurs revendications en conscience. On l’accuse aussi de trop communiquer sur les Cœlacanthes ou de partager ses avis, et ils oublient qu’il a toujours agi ainsi, en toute liberté.
« Je suis vraiment attristé et inquiet. J’ai peur que tous les efforts que nous avons déployés depuis tant d’années ne s’effondrent », ajoute-t-il. Ce serait un drame pour tout le pays.