Le pouvoir aux Comores organise des élections présidentielles et des Gouverneurs dont le premier tour aura lieu le dimanche 14 janvier 2024. Des élections pas comme les autres. Un imbroglio qui implique tout le monde. Même ceux qui n’en ont rien à faire sont impliqués.
Par Said Yassine Said Ahmed, Auvergne-Rhône-Alpes
Des campagnes électorales pleines d’aliénations et d’incertitudes. Des semblants et des intrigues, c’est le décor de ces campagnes qui doivent aboutir au premier tour des élections du président de l’Union et des gouverneurs des îles.
Dès le départ, dès les choix des candidats, on dirait que l’histoire avait rendez-vous avec des hommes et des femmes, des candidats en manque de visibilité sur la scène politique. Le résultat est que les campagnes électorales manquent de lueur. Sans orientation ni cohérence. Les Comoriens y croient moins. Ils ne croient pas aux campagnes et ils ne croient pas plus au déroulement d’élections réelles, même frauduleuses.
Le candidat du pouvoir : parler sans rien dire
Il y a deux semaines, les campagnes pour les élections présidentielles et des gouverneurs aux Comores ont été déclarées ouvertes. Sans allures, les candidats se présentent dans les lieux publics. La guerre des images semble être remportée par le pouvoir en place même s’il est impopulaire et exécré.
Toujours dans l’art de savoir manipuler, le pouvoir avec son candidat utilise l’argent et les moyens de l’État, arrivent à déplacer un grand nombre de Comoriens, d’un coin à l’autre de l’archipel, de ville en ville, de région en région et même d’île et île. En tout cas, ce sont les mêmes personnes, qui occupent les mêmes sièges dans les différents meetings. Aussi le manque de constance et de lucidité dans les réunions, la vacuité des propos tenus sur les scènes sont liés à la négligence des Comoriens face à ces rassemblements.
À court d’arguments et sans opiniâtreté, ceux qui prétendent dominer le paysage politique du pays, notamment dans ces campagnes électorales, occupent les tribunes et parfois cela tourne au ridicule. Ayant une vue superficielle et globale de la situation électorale, le conseiller privé de son père, El-Fathou Azali contrôle tout. Tout doit être conforme à son rythme ou au rythme qu’il a choisi. Mode d’habillement, tenu vestimentaire, déplacement, gestes, orientation et j’en passe.
Les danses de Djaé Ahamada Chanfi, un Garde des Sceaux ministre de la justice, de Youssoufa Mohamed Belou, celui de la Défense et tant d’autres, montrent que seul l’œil du fils du patron fait peur. À force de vouloir conserver les postes qu’ils occupent, ils risquent de se transformer en bouffons du roi. L’autoritarisme du fils règne au sein même des campagnes électorales.
L’adynamie de l’opposition
Du côté de l’opposition au régime, l’adynamie se conjugue au désespoir. Tous sont dans l’idée que les élections seront truquées, les pas hésitants sont donc de mise. Et les candidats apparaissent moins aux publics. Surtout ceux qui ont le statut de « petits candidats ». C’est surtout le cas des candidats aux gouvernorats. Le climat est anesthésié. Ils disent peu et pourtant ils encaissent beaucoup.
Sans le verbe politique, ces candidats de l’opposition sont en manque d’allure. Ces campagnes sont amochées, alors qu’en vérité la peur gagne les intestins du pouvoir.
Qu’apprennent les Comoriens dans ces campagnes électorales qui paraissent stériles ? Si l’on compare aux campagnes électorales faites auparavant par des hommes politiques d’autrefois, les Comoriens d’aujourd’hui ont l’impression de vivre des amusements de grands enfants dans une cour à la pleine lune. Il y a deux mois que les élèves comoriens sont dans les rues, livrés à eux-mêmes, mais aucun candidat ne met cette question en avant.