Dans son numéro du 19 mai 2023, le Journal de l’État, Al-Watwan, financé par l’argent du contribuable, fait la promotion de l’actuel occupant illégitime de Beit-Salam, Azali Assoumani, pour sa réélection aux présidentielles de 2024. À la « Une », il mentionne sans aucune gêne « La CENI enfin installée ». Heureusement, que l’auteur de cet article a inconsciemment oublié le « bien » entre « enfin et installée », car la Commission électorale Indépendante n’est enfin pas bien installée. En son sein, nous n’avons pratiquement que des membres désignés par le seul régime. Aucun membre de la Commission ne représente ni l’opposition ni la société civile qui ont très tôt compris les basses manœuvres du régime actuel déjà bien préparées pour truquer les résultats en sa faveur.
Par Abdourahim Bacari
Toutefois, dans la nouvelle mouture de la CENI, nous trouvons l’avocat Gérard Youssouf, fervent combattant contre la dictature actuelle. Si lui-même n’a pas l’air de comprendre ce qu’il fait là, la Rédaction de Masiwa a appris qu’il serait le représentant que Mouigni Baraka aurait désigné à Azali.
Cette procédure est injuste, car illégale. Le fait d’installer la CENI sans tenir compte de l’opposition montre qu’Assoumani Azali s’est déjà ouvert une autoroute pour frauder et gagner les élections de 2024. Avec ses collaborateurs, ils ont tout planifié. Toutes les institutions sont sous leur seul contrôle. À la tête de l’organisme chargé des révisions des listes électorales, Azali a placé depuis son élection un fidèle militant actif de son parti. À la Cour suprême, chargée de proclamer les résultats finaux des élections, ne siègent que des juges désignés par le seul Azali Assouamani. Les députés qui siègent à l’Assemblée nationale sont tous du régime. La quasi-totalité des députés sont issus du parti présidentiel, la CRC et un ou deux sont du parti Orange, allié au pouvoir en place. Le candidat Azali pourra aussi compter d’une sur l’Armée nationale dont il est issu et qu’il protège depuis le début, malgré les tortures et les exécutions extrajudiciaires, et d’autre part de la Justice dont il s’est servi pour éliminer ses opposants.
Tout le monde a en tête la grossière fraude de mars 2019. L’opposition a raison de se méfier d’Azali Assoumani. Une opposition qui œuvre pour sortir les Comores de cet imbroglio politique qui risque de replonger notre pays dans des crises séparatistes qui disloqueraient à jamais notre pays. Les réactions du régime prouvent que ses membres ont peur de toute politique transparente en vue de rétablir l’ordre constitutionnel. L’opposition demande depuis très longtemps qu’un « dialogue national » soit ouvert pour sortir de cette crise, mais Assoumani Azali refuse. Il ne souhaite absolument pas la présence des instances internationales pour arbitrer un « dialogue national ». L’opposition propose une période de transition avant les prochaines élections dont les primaires doivent avoir lieu à Anjouan pour le respect de la tournante. Les leaders politiques grand-comoriens doivent se montrer intègres au lieu de penser un intérêt personnel qui lèserait nos compatriotes Anjouanais et Mohéliens.
C’est le tour d’Anjouan, tout le monde le sait et tout le monde doit, pour la paix dans notre pays, mettre toute son intelligence et toutes ses forces pour que le processus de la tournante soit respecté. Les Comores traversent une crise grave au moment où Azali Assoumani et les siens ne pensent qu’à la prolongation de leur mandat politique à la tête de du pays.
Notre pays mérite mieux. Il mérite amour et patriotisme. Tout calcul pour des intérêts individuels ne doit pas gagner la sympathie des Comoriens. C’est l’intérêt collectif qui doit animer notre volonté, la volonté de tout leader politique digne qui se bat pour l’unité et l’intégrité territoriale de notre pays. Nous voulons la paix enfin. Mais pour atteindre cette paix durable que souhaitent les Comoriens, il y a des étapes inéluctables à ne pas rater : une transition d’un an à deux ans maximum, une révision de la Constitution pour le retour à l’ordre constitutionnel, une révision des listes électorales et un recensement général et le recensement de la diaspora comorienne pour qu’elles puissent voter aux élections législatives pour élire leurs représentants.
Violer une de ces étapes c’est mener l’Union des Comores à sa perte. Elle perdra de plus en plus son peuple qui le fuira pour l’île comorienne de Mayotte ou ailleurs. Il y aura forcément une deuxième, troisième, quatrième ou plus de vagues de « Wawumbushu » parce que beaucoup fuiront la dictature d’Azali Assoumani. On dirait que les pays amis des Comores ne voient pas ce danger, pourtant ils ont des Ambassades sur place qui leur livrent toutes les informations sur la situation politico-économique réelle des Comores. Les francophones et la diaspora comorienne en France sont devenus des menaces à abattre pour Azali et ses collaborateurs. De nombreux Comoriens déçus de la position de la France qui lui tournent le dos pour soutenir coûte que coûte un régime autoritaire aux Comores veulent tout simplement une rupture de la coopération franco-comorienne. Une réaction qui n’est pas favorable pour le développement des Comores. Au lieu de couper, pensons à un dialogue clair, pour une coopération rénovée, gagnant-gagnant pour nos deux pays, France-Comores qui peut s’en passer de l’autre.
Pour y parvenir, il nous faut des dirigeants qui seront bien élus démocratiquement dans une transparence totale. Un président qui serait mal élu comme Azali ne sera jamais fiable pour la démocratie aux Comores. Une période de transition s’impose plus que jamais pour passer ensuite le flambeau à nos frères Anjouanais.
Quoi de plus légitime que cela ? Nous devons éviter à jamais qu’un président durant son mandat soit seulement préoccupé par le fait de trouver une légitimité. Pour un bon nombre des Comoriens, la personne qui est aux commandes de leur pays se prend indûment pour le président parce que nombreux sont nos concitoyens qui pensent qu’il n’a pas été élu, mais porté au pouvoir par la fraude. Prions que nos leaders politiques comprennent que l’organisation des élections en 2024 est un poison contre la paix dans notre pays et dans la région.