Le prochain président de l’Université des Comores (UDC) ne sera pas élu par tout le corps électoral de l’institution. Seuls les trois organes dirigeants (le Conseil d’Administration, le Conseil Scientifique et le Conseil des Études et de la Vie universitaire) auront le droit de vote. 18 de ses membres sont des hommes proches du pouvoir en place. Aucune amélioration concernant l’autonomie de l’UDC telleque souhaitée par son gestionnaire actuel. Au contraire, des élémentsdu nouveau statut prouvent une mainmise globale renforcée. Hayatte Abdou
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La rédaction des textes qui devraient régir l’Université des Comores est enfin terminée. Ils sont proposés pour lecture aux enseignants de l’institution. Tout a été revisité : le décret de création de l’UDC, son statut, le règlement intérieur, les lois sur l’enseignement supérieur, le statut des enseignants et le statut du personnel IATOS.
Les statuts portant création de l’UDC déterminent les missions de l’institution, de son président, des composantes pédagogiques et de toutes les autres composantes de l’Université des Comores que ce soit le conseil d’Administration, le Conseil Scientifique ou le Conseil des Études et de la Vie universitaire.
De l’autonomie
L’autonomie universitaire n’a pas été modifiée d’un iota. L’article 1 déclare que l’Université des Comores jouit « d’une autonomie administrative, pédagogique et financière placée sous tutelle administrative du ministère en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche et sous la tutelle financière du ministère en charge des Finances et du budget ».
Pourtant, dans son discours lors de l’anniversaire des 15ans de l’université célébrée en grande pompe le 1erdécembre 2018 à l’IFERE ; le président par intérim, actuel gestionnaire de l’UDC, Abdoullah Ben Said, a laissé entendre que cette autonomie de l’institution, tant martelée, doit être définie.
En effet, comment peut-on parler d’une réelle autonomie si l’institution est soumise au contrôle du ministère de l’Enseignement supérieur et celui des finances ?
Dansl’article 8, il est mentionné que l’équipe de Direction du président de l’UDC est le « Secrétairegénéral, nommé par décretprésidentiel, un agent comptable nommé par le ministère des Finances et un Directeur des Ressources humainesdésigné par le ministère de l’enseignement supérieur ». On comprend alors que la définition de « l’autonomie » de l’université doit être démontrée. L’université des Comores restera sous le contrôle de la présidence et des ministères des Finances et du Budget et de l’Enseignement supérieur. Ces trois institutions totalisent 18 membres dans les trois organes dirigeant (8 au Conseil d’Administration,4 au Conseil Scientifique et 6 au Conseil des études et de la vie universitaire),tous liés à l’État qui nomme le Secrétaire général, le Comptable et le Directeur des Ressources humaines.
De l’élection présidentielle
Ce n’est donc pas le corps électoral de l’Université qui choisira le président de l’institution. Ce temps est révolu. Dès la promulgation de cette loi, seuls les organes dirigeants vont le choisir. L’article 4 dudit statut annonce que le président de l’université « est élu par les organes dirigeant de l’université au scrutin uninominal à deux tours. En cas d’égalité de voix, le doyen d’âge est proclamé élu (…) pour un mandat de 4ans renouvelable une fois. Il préside les conseils de l’institution à l’exception du Conseil d’Administration ».
Les 314 membres qui composent le corps électoral de l’université n’auront donc pas tous, le droit de choisir leurs présidents. Fini les longs discours pour essayer de convaincre quelques réticents faisant partie du corps électoral. Finies les intimidations de ces membres ou des enseignants, adieu les compagnes palpitantes.
Du délai de vacance
On se souvient de la démission de SaïdBourhane, de l’intérim qui, normalement, aurait dû durer 45jours, selon l’actuel règlement. Dans ce laps de temps, des élections auraient dû être organisées.
Dans les nouveaux textes, certains changementsont été apportés. En effet les 45 jours sont prolongés jusqu’à 60jours.Le président de l’UDC est secondé par trois vice-présidents, dont « le chargé des relations internationales, des études et de la scolarité et de la vie universitaire ».
L’article 7 précise que le président peut déléguer « sa signature à l’un de ses vice-présidents et en cas d’absence ou d’empêchement temporaire du vice-présidentintérimaire, au doyen d’âge des vice-présidents » dont le profil est établi par le règlementintérieur. À contrario dans son article 10 lorsqu’il y adémission ou empêchementdéfinitif, ce n’est pas aux vice-présidents de prendre la place du présidentpour l’intérim,mais le secrétairegénéral.
Est-ce un échec ?
Cette révision textuelle fut accouchée dans la douleur. Elle avait étéinitiée par l’ancien secrétairegénéral Nassurdine Ali Mhoumadi, après la démission de Bourhane et dans l’incapacité des autoritésdirigeantes de l’institution de trouver une entente. S’ensuivra l’arrêt du processus électoral devant désigner le président de l’Université pour des raisons encore obscures.
On attendait un peu plus, particulièrementpour l’autonomie de l’institution comme l’a souhaité le gestionnaire Abdullah Ben Said. On pouvait espérer que les arcanes de la politique politicienne libèrent l’institution d’une mainmise qui ne fait qu’empoisonner le présent et le futur de cet établissement public,par ricochet l’avenir des enseignants et desétudiants.
Ce nouveau texte mettra fin à toute transparence dans des organes dirigeants dans lesquelsl’État est largement représenté sans compter qu’il détient aussi les postes clefs de l’administration, des finances et des ressourceshumaines. Pourtant, ce sont des hommes qui sont connus pour leurs pouvoirs de persuasion. À se demander si ces nouveaux statutsont été vraiment révisés par des hommes qui tiennent à l’institution ou qui ont peur de perdre leurs postes. La balle est maintenant aux, mais des élus de Hamramba.
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