La banque de France a publié le 11 octobre dernier l’édition 2019 de son rapport annuel de la zone Franc en marge de la réunion, à Paris, des ministres des finances de cet espace qui regroupe 14 pays d’Afrique subsaharienne, les Comores et la France. Ce document, élaboré en partenariat avec les banques centrales de la zone franc, analyse les dernières évolutions des situations économiques et financières, des politiques économiques et des institutions de l’UEMOA, de la CEMAC et des Comores. Par Faïssoili Abdou
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Au sujet de la situation économique et financière de l’archipel, la Banque de France indique d’emblée que « l’activité économique a poursuivi son accélération en 2018, avec 3,8% de croissance, après 3,5% en 2017 ». Le rapport souligne que la « croissance du PIB s’explique principalement par celle de la consommation finale (+5,0 en 2018), soutenue par le versement des salaires et traitements des fonctionnaires (+3,4% en 2018) et de l’investissement (hausse de 4,8% de la formation brute de capital fixe) ». Pour ce qui est du taux d’investissement, le document prévoit « une progression ». « A 13% en 2018, après 12,9 % en 2017 et 12,6 % en 2016, le taux d’investissement totale devrait continuer à progresser avec la réalisation des grands programmes d’investissement public sur l’île de la Grande-Comore », indique le rapport citant notamment « le complexe hôtelier sur le site de Galawa-Maloudja, dont les travaux ont commencé début 2019, le projet de route reliant la capitale au sud de l’île et la réhabilitation de l’hôpital El-Maarouf ».
Notons par contre que si les travaux de construction des nouveaux bâtiments à l’hôpital El-Maarouf se poursuivent, le chantier de ce qui devrait être le complexe hôtelier du site Galawa semble à l’arrêt. Depuis la pose de la première pierre, début 2019, l’on n’a assisté à aucun autre mouvement sur le site.
Sur ce même registre, la banque de France relève une nouvelle expansion (+17,7%) des exportations des biens et services après celle de 2017 (16,4%). Une augmentation due notamment à la hausse des cours mondiaux, qui a permis d’atténuer les effets d’une production de plus en plus fluctuante.
En outre, selon la Banque de France, l’inflation a augmenté en 2018, s’établissant à 1,7% en moyenne annuelle, retrouvant quasiment son niveau de 2016 (1,8%), après avoir atteint, en 2017, son niveau le plus faible (1,0%) des cinq dernières années. « La reprise de l’inflation en 2018 a cependant été très contenue et reste nettement inférieure à la norme communautaire de 3% d’inflation annuelle pour l’ensemble des pays de la Zone franc. Sa progression est le résultat de pressions à la hausse qui se sont exercées sur les prix des produits alimentaires, de l’eau, de l’électricité et sur les loyers. Elle reflète également la remontée des cours du pétrole et son impact sur les coûts du fret. Toutefois son niveau structurellement faible résulte du régime de taux de change fixe », poursuit le document. A en croire le rapport de la Banque de France « le passage du cyclone Kenneth les 24 et 25 avril 2019 devrait conduire à une hausse significative de l’inflation ». C’est ainsi que « le FMI (août 2019) prévoit une augmentation de l’inflation à 3,2% en 2019, liée aux contraintes pesant sur l’offre de produits domestiques, notamment de produits alimentaires ». Le passage du cyclone Kenneth devrait fragiliser, au moins temporairement, la dynamique de l’économie des Comores en raison de nombreuses destructions. Le cyclone a endommagé des infrastructures (routes, bâtiments, réseaux électriques et de télécommunications), ainsi que des cultures de rente et vivrières. Les destructions et les besoins en aide humanitaire ont été estimés par les services du FMI à 150 millions de dollars, soit 12,5% du PIB.
Selon les analyses de ce document « de nombreux facteurs font obstacle à une croissance durable aux Comores : déficit d’infrastructures, environnement des affaires très dégradé, secteur financier fragile, etc. ». Il est ainsi recommandé des mesures indispensables à mettre en place surtout « la conduite de réformes clés, telles que le renforcement de la mobilisation des ressources fiscales, l’amélioration de la gouvernance, de la transparence et de la supervision des entreprises d’États et des banques pour permettre une croissance durable et inclusive ».
Sur un tout autre volet, le rapport signale que « la mise à jour, effectuée par le FMI en 2019, de l’analyse de viabilité de la dette des Comores maintient le risque modéré de surendettement extérieur mais pointe des inquiétudes quant à la capacité de l’État à absorber des chocs. En hausse continue depuis 2015, l’endettement public a continué à augmenter, de 18,0% du PIB en 2017 à 18,4% du PIB en 2018 ». Il rappelle que « la dette publique des Comores est très largement externe, détenue principalement par des créanciers bilatéraux (Arabie Saoudite, Inde et Chine), à des conditions concessionnelles. Le FMI alerte sur un possible glissement d’un risque modéré à un risque élevé de surendettement extérieur compte tenu de la faible mobilisation des ressources internes, ainsi que de la base restreinte des exportations ».
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