En attendant que de grands journalistes spécialisés dans les enquêtes se penchent sur le phénomène, la Rédaction de Masiwa a décidé de publier une série de posts que Damed Kamardine a posés sur son mur Facebook et qui traitent des attributions massives de passeports diplomatiques à des étrangers entre 2010 et 2011, alors qu’un nouveau président, Ikililou Dhoinine venait d’être élu et attendait de prendre ses fonctions. Selon l’auteur, les mêmes hommes ont continué le manège même après la formation d’un nouveau gouvernement. Par Damed Kamardine
Vente des passeports diplomatiques (partie 9)
Outre le caractère onéreux et lucratif lié à ce trafic d’octroi de documents de voyage, s’y ajoutent les autres droits découlant de ces actes osés et posés au-delà de toute pudeur.
Ces deux exemples de passeports diplomatiques sont caractéristiques à tant d’égards.
1- M. S. DEBY
À la lumière de son passeport diplomatique établi le 12 avril 2011, il apparaît que son « domicile » se situerait à Moroni et qu’il serait aussi de « nationalité comorienne ».
Deux lectures peuvent au moins être tirées de ce cas.
A- Au regard de l’aspect normatif, nous avons un citoyen comorien, électeur et éligible, probable futur Député de Moroni Sud ou Nord, éventuel futur Maire de « Moroni Pour tous », potentiel Gouverneur de Ngazidja voire Président de l’Union, d’ici la prochaine tournante, il aura l’âge requis.
Le Préambule de la Loi Fondamentale semble consacrer l’égalité de tous devant la loi sans distinction. Unité issue de toute diversité.
Les Journaux officiels couvrant cette période ne paraissent pas contenir le décret de naturalisation de nouveau compatriote frère et ami se disant né en 1997 à Monaco.
Il aurait habité dans une villa cousue aux alentours de la capitale. Il se fera bientôt établir sa carte électorale après mise à jour des prochaines listes de vote.
B- La seconde hypothèse, la plus probable serait qu’il s’agisse de l’aboutissement d’une démarche délibérément frauduleuse. L’usage manifeste de faux.
La difficulté pour l’intéressé de produire un certificat de résidence serait patente.
Nous pourrions être en face d’une autre preuve probante des documents délivrés en toute complaisance moyennant rétribution. Les chantres du renouveau démocratique et de la bonne gouvernance.
En attendant de se procurer copies des actes officiels et surtout authentiques portant nomination de la « Maman » comme membre du cabinet ministériel du Mirex (2010-2011) et du décret portant naturalisation de la famille DEBY.
2- Hajjar R. R
Ce second exemple, naturalisé citoyen comorien soit par le Président Sambi avant le 26 mai 2011 soit par le Chef de l’Etat, Dr Ikililou à compter du 26 mai 2011, il peut aspirer à devenir parlementaire comorien issu des circonscriptions représentant notre Diaspora. Il peut se faire inscrire sur la circonscription électorale relevant de l’Ambassade comorienne de Bruxelles dont il est en supposé être en poste puisqu’il ne s’agirait pas d’une fonction fictive ni d’une « nationalité temporaire ».
Les vraies fausses adresses, les fonctions fictives, l’usurpation de titre et de fonction et autres sont à taire. Des bilans patriotiques et intègres à faire valoir. Domaine prospère. Destin tragique de la souveraineté !
Un pays atteint dans son âme comme dans sa chaire, vidé de son sang dans la plus grande impunité !
Vente des passeports diplomatiques (partie 10) !
Au commencement ce fut l’affaire de deux garçons qui se tutoient dès qu’ils se sont connus, sans tarder. Un plan se met vite en place, celui de la conquête de ce ministère régalien lequel ouvre les portes à tout. L’un finance les campagnes législatives de l’autre, à hauteur d’une bagatelle de près de 100 millions KMF. L’ascenseur doit être rendu aussitôt. La campagne référendaire de 2009 s’y invite, révision constitutionnelle. Un apparatchik réussit à éjecter son jumeau pour s’y installer. Une période intérimaire s’ouvre, un Exécutif est à former. Les deux individus se mettent à l’œuvre, une répartition des rôles s’opère : le premier fait exercer la pression extérieure nécessaire pour que son poulain soit retenu ; le second se charge de faire agir les Wazeyé (Paix à leurs âmes) que l’enfant figure sur [la liste des] futurs membres du gouvernement intérimaire. De l’imposture ! L’enjeu est de grande taille, il est vital et surtout juteux. Une affaire florissante est en bonne perspective. Les dés sont lancés. L’occasion n’est pas à rater. Le contexte intérimaire y est propice. Dès la formation de cette équipe gouvernementale intérimaire, la diplomatie comorienne va ouvrir une de ses sombres pages : la vente sans scrupule, sans retenue des passeports diplomatiques. Notre souveraineté sera à la merci de deux personnages. Un pays livré aux plus offrants. Nos produits de rente, la vanille, le girofle, l’ylang et autres n’auront plus leur place sur le marché international : les passeports diplomatiques volent la vedette et s’y substituent. Towa wu renge ! Cette macabre affaire qui éclabousse toute une République s’est déroulée à l’insu des autres gouvernants de l’époque. Ils découvrent tous comme l’opinion cette tragédie gravissime. Tous les membres dudit Exécutif intérimaire nient cette rocambolesque histoire. Ils la réfutent tous. Ils sont là et vivants, la question peut leur être posée. Les rares visiteurs de Voidjou en ressortent médusés sans compter les vice-présidents et autres ministres. De l’aveu de certains, même l’accord de défense de septembre 2010 n’aurait pas été délibéré en Conseil de ministres. Le parlement comorien ne se serait jamais prononcé sur cet accord ! À ce jour, les actes (arrêtés) relatifs aux fonctions fictives créées durant cette période intérimaire sont encore introuvables. Aucune trace dans les archives de l’État ni au Secrétariat général du Gouvernement où ils devraient recevoir leur visa ni au Journal Officiel sans compter la Chancellerie. Ce n’est pas aujourd’hui qu’ils vont brusquement tomber du ciel. Les seuls actes vrais et réels de cette époque sont trouvables, ils concernent comme l’illustrent des pièces jointes, les nominations des fonctionnaires du Mirex dans diverses postes diplomatiques comoriens à l’étranger entre autres. Même ceux des chauffeurs !
À l’éclatement de ce dossier, tout fut dit : des émissaires sont venus s’enquérir et demander un arrêt de ces publications tandis que d’autres ont proféré des chantages, des intimidations voire des menaces. Certains se sont laissés dire des méchancetés invectives toutes crues. Ça vole bas, rien d’étonnant. Des médisances, des bassesses qui descendent plus bas que la ceinture. […] Nous ne nous rabaisserons pas, des choses pareilles à dire sont volumineuses, la pudeur et l’éducation reçues des vrais parents (quelle chance) nous retiennent et nous interdisent. Il y aurait des tomes et des tomes sur les valises de godes, ce qui ne nous préoccupe point. Dans ce même sujet, ce porte-parole nous apprend que des passeports diplomatiques ont été « offerts » en échange des services à rendre à l’appareil diplomatique comorien. Attardons-nous sur deux cas :
1- Mme Deby
Après le refus poli essuyé par la Principauté de Monaco de la faire agréer comme Consule Honoraire des Comores à Monaco, elle aurait été désignée « Conseiller aux Affaires Étrangères ». On peut noter, à ce titre, que son arrêté de désignation n’a jamais existé. Sans demander ce que serait venu chercher une première dame d’un pays aux Comores, on peut rajouter que l’intéressée aurait eu au moins deux autres passeports diplomatiques gabonais et autres. À quelles fins aurait servi son passeport diplomatique comorien, l’interrogation ne doit jamais être soulevée. La Principauté de Monaco ne doit jamais elle aussi se demander le manque à gagner fiscal et autre occasionné par ce faux titre. En tout état de cause, sauf méconnaissance de notre part, deux décrets pris sous Abdallah et Djohar ont régi les conditions de délivrance de passeports diplomatiques. À ce propos, il n’apparaît nulle part sur lesdits textes qu’un membre du cabinet ministériel de surcroît celui des affaires étrangères doit être détenteur dudit document. Pour finir, le décret qui aurait naturalisé cette dame n’est pas encore tombé du ciel.
2- De “ l’Ambassadeur El Chammah”
Habituellement, dans les usages, une personne se fait élever au titre d’Ambassadeur avant de se faire accréditer auprès d’un État étranger ou auprès d’une OI. Son décret est aussi introuvable. La seule « dérogation » de toute l’histoire diplomatique mondiale est celle de ce monsieur impliqué dans la célèbre et triste affaire Khalifa Airways. Un arrêté de septembre 2010, probablement signé dans l’avion entre New York et Paris, le fait désigner Ambassadeur à Genève, la seconde représentation onusienne en taille et en importance. Les prochaines éditions y reviendront en amples détails !