Familles, quartiers, villages et villes et même les régions, aucune n’est à l’abri de ce phénomène dévastateur qu’est le litige lié au foncier. Un fléau qui mine le vivre ensemble. Avec une démographie galopante et une urbanisation désordonnée, n’est-il pas temps de s’occuper du cadastre? Par ACB
[ihc-hide-content ihc_mb_type=”show” ihc_mb_who=”2,3,4,5,6,9″ ihc_mb_template=”1″ ]Les guerres des territoires ont provoqué des milliers de morts dans l’histoire de l’humanité. Encore aujourd’hui, la Palestine et l’Israël se disputent la délimitation des frontières. Mer, ciel et terre, des États voisins en discutent toujours sans fin. C’est une autre forme de guerre qui, dans l’archipel des Comores, n’en dit pas son nom mais reste froide.
La royauté fait partie de l’histoire des Comores. Les Sultanats qui se sont succédé ont hérité d’hectares de terres. Pour en savoir un peu plus, il faut s’aventurer dans les documents à dépoussiérer du Centre National de Documentation et de la Recherche Scientifique. Toutes les régions sont concernées, plus particulièrement à Ngazidja où le litige lié au foncier revient souvent dans les procès dans les tribunaux.
Dans les villages, le bureau du cadi joue à la médiation suivant les compétences qui lui sont conférées par la loi. Interviennent souvent des témoins, des personnes âgées ne possédant pas, pour la plus part, des preuves matérielles. Le chef du village aussi, il est appelé à jouer un rôle pour que le litige ne devient pas un conflit. A une époque, les familles et les villes et villages pouvaient s’entendre. Mais au fil du temps, la judiciarisation prend de l’ampleur. Bambao avec Itsandra-Moroni-Iconi. Itsandra avec Oichili-Hamanvu. Oichili avec Koimbani et ses villages voisins, etc.
Autant de mini crises qui naissent à petit feu dans ces différentes communautés qui, jadis, étaient réputées pacifiques. La guerre du foncier bouillonne encore dans les terrasses des chefs locaux, mélangeant rancune et rage du passé entre les chefs-lieux et les villages voisins.
Une démographie que l’on croit lente, accélérée pourtant par une exposition d’urbanisation moderne désordonnée et d’infrastructures encore incontrôlables augmentent le nombre de litiges. « Bientôt dans notre région, il sera nécessaire d’acheter toute la surface bétonnée d’une maison pour en construire une », dira un jeune ingénieur en bâtiment natif d’Itsandra Mdjini. L’arrivée des collectivités décentralisées n’a jamais résolu cette guerre des délimitations dans le pays. Pourtant, délimiter le territoire sur lequel s’exerce leur pouvoir est primordial. Or, des interférences entre Maires existent encore partout dans les îles, parce que ce travail préalable est oublié.
L’État, silencieux, intervient uniquement lorsqu’il est nécessaire d’envoyer les forces de l’ordre pour remettre de l’ordre quand le conflit surgit. La notabilité, elle ne peut jamais assumer le rôle de l’État. Elle n’a pas cette vocation non plus.
N’est-il pas le moment pour le Gouvernement de se pencher objectivement sur la question?[/ihc-hide-content]
