De Marseille à Saint-Denis de La Réunion, deux journaux ont fait leur couverture de ce Jeudi 21 février sur l’histoire de deux des nôtres. Deux histoires, l’une tragique et l’autre qui l’est un peu moins. Deux hommes l’un tué, il y a 24 ans et l’autre en cavale parce que sans papiers dans le département français de l’Océan indien.
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«Tué à 17 ans par des militants du FN. 24 ans après l’ami d’Ibrahim Ali témoigne», titrait en Une le Journal La Marseillaise qui affiche une photo de l’ami en question, Mbaé Tahamida Mohamed Soly à côté d’Ibrahim Ali tout sourire. Un sourire qui a été éteint par la haine raciale. Une vie fauchée. Depuis 24 ans, Mbaé Tahamida Soly se bat pour la mémoire de son ami tué le 21 février 1995 d’une balle dans le dos par des colleurs d’affiches du Front national. Ce jour là, comme l’écrit Soly dans un émouvant texte dédié à son ami, «tapis dans la pénombre, trois nervis d’un parti nazi/ Armés de pistolets chargés, prêts à répandre la mort», ont tiré sur des «gamins qui couraient après un bus pour rentrer chez eux/ Là-haut dans la colline, au terminus du 30 à la Savine». C’est ainsi qu’ «Une balle de LR atteint l’un des minots dans le dos/ Son nom: Ibrahim Ali Abdallah alias Chibaco/ Ils m’ont eu! Maman j’ai mal ! Ce sont ses derniers mots», poursuit Soly dans son texte.
Ce défenseur infatigable de la mémoire d’Ibrahim Ali raconte au journal La Marseillaise le déroulé de ce jour dramatique où des jeunes du groupe B.Vice dont faisait partie Ibrahim Ali ont été attaqué par les nervis du FN. Mais aussi comment lui et la maman d’Ibrahim ont su calmer les jeunes qui «avaient envie de cramer tout Marseille» suite à cet assassinat raciste.
«Ibrahim faisait partie de ces minots qui enchantaient la vie. Une idéologie raciste, qui métastase toujours la France, l’a fauchée en plein envol. Ni pardon, ni oubli», conclut le journal la Marseillaise dans son éditorial intitulé « Ibrahim Ali, tué par la haine». Le Journal La Croix a fait également écho s’est aussi remémoré de la mort d’Ibrahim Ali en rappelant que le meurtre d’Ibrahim Ali reste « une blessure jamais guérie»
Depuis 24 ans, la famille d’Ibrahim Ali, des élus et des associations de la cité phocéenne revendiquent que le lieu où a été commis l’assassinat lâche de ce jeune Marseillais d’origine comorienne soit rebaptisé en son nom sans succès pour le moment. Un combat que vient de reprendre Saïd Ahamada, député de la 7ème circonscription des Bouches du Rhône qui a lancé une pétition en ligne à ce sujet. « Cette revendication n’est pas secondaire. Elle signifie pour de nombreux Marseillais la marque et la volonté d’une identité commune et indivisible, dépassant les clivages et sans laquelle notre ville n’a aucune chance de prospérer», explique le député d’origine comorienne.
À 8000km de Marseille, le journal «Le Quotidien de la Réunion» nous raconte pour sa part l’histoire d’un sportif Comorien qui vit dans la clandestinité dans ce département français de l’Océan indien. «Mohamed Safaoui, un coureur en cavale», titre ce grand journal de La Réunion affichant une photo de cet athlète qui a déjà eu l’occasion de cavaler sur les pistes de course de l’île Bourbon.
Selon le journal, ce coureur comorien qui fait partie des «58 athlètes qui en août 2015, après le boycott décrété par les Comores aux Jeux des îles de l’océan Indien organisés à La Réunion, suite au défilé de Mayotte derrière le drapeau français, lors de la cérémonie d’ouverture, avaient décidé de rester dans l’illégalité sur le territoire réunionnais». Pour rappel c’est après ce geste des sportifs comoriens qu’Ali Bazi Selim dont on vient de commémorer les 40 jours de sa mort le 20 février dernier lancera un appel pour les «Assises nationales». Une bonne initiative qui sera malheureusement dévoyée ensuite par les tenants du pouvoir.
Le jeune sportif Mohamed Safaoui qui avait entamé des démarches pour régulariser sa situation est menacé d’expulsion par la police de l’air et des frontières. «Il se cache, terré quelque part sur l’île, depuis juillet 2018, et une descente de police chez lui, suivi d’une convocation au commissariat le lendemain où il a pris peur, quand on l’a menacé d’expulsion», dévoile le journal.
Mohamed Safaoui qui a participé à des courses locales serait en délicatesse avec l’Agence française de lutte contre le dopage (Afld). Un contrôle effectué sur l’athlète comorien alors qu’il participait à une course sous le maillot de l’Ultra Run de Sainte-Suzanne se serait «révélé positif à la bétaméthasone, un anti-inflammatoire stéroïdien appartenant à la famille des corticoïdes». Une accusation que l’intéressé nie bien évidemment indiquant qu’il avait pris ce médicament dans la pharmacie d’un de ses amis à cause d’une intense douleur due à une épine calcanéenne. En attendant, Mohamed Safaoui fait tout pour rester sur ce département français où il dit s’être «bien intégré» et refuse qu’il soit renvoyé aux Comores. « Je n’ai de problème avec personne sauf les autorités. Je peux vivre tranquillement, donc j’ai décidé de courir le risque », tranche-t-il.
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Par Faissoili Abdou