Lundi 7 octobre, deux officiers gendarmes se sont présentés dans les locaux du quotidien Al-Fajr, aux environs de 14 heures 30, avec un mandat d’arrêt. Un des jeunes journalistes du quotidien, Kamal Abdou Saïd, a été interpelé et arrêté. Par Ali Mbaé
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Déféré au parquet dans la matinée du mardi après avoir passé la nuit du lundi à la gendarmerie. Il est attendu le 17 octobre prochain en audition directe après un passage chez les procureurs, c’est-à-dire le substitut du procureur de la République et le Procureur lui-même.
Soupçons de malversations
Difficile d’avancer des raisons concrètes sur son arrestation. Néanmoins, l’affaire est à relier à un article publié le 3 octobre dernier et intitulé : « Le directeur de la douane soupçonné de malversation ». Ce papier dévoilait le salaire de Kamaldine Soefou, Directeur général de la douane et frère du ministre des Affaires étrangères. L’article rapportait les propos d’un agent de la douane qui avait requis l’anonymat, et qui indiquait que le Directeur de la Douane percevait un salaire de 5 800 000 francs comoriens, y compris les RAU et les primes. Sur les 5 800 000 KMF, seulement 800 000 KMF représentent son salaire net.
Le journaliste est poursuivi pour atteinte en la personne de Kamaldine Souef, Directeur de la douane. Me Baco avocat du Directeur réfute les informations relayées par nos confrères d’Alfajr : « Ce sont des accusations et affirmations gratuites portées par ce quotidien. Mon client est sûr qu’ils ont proféré des mensonges en sa personnalité. Naturellement, il a décidé de saisir la justice afin que les conséquences du droit soient tirées » a-t-il expliqué.
Comparution en citation directe
La comparution en citation directe a été bien accueillie par les collègues journalistes qui ont presque passé toute la journée à la gendarmerie et à la justice : « Nous ne voulons que l’application des règles, du droit. Nos autorités doivent respecter la loi, un journaliste qui est considéré avoir été auteur d’une diffamation ou d’une atteinte à la personne ne peut que comparaître en citation directe », explique Idjabou Bakari, journaliste de Masiwa avant de s’étaler un peu sur les prochains états généraux prévus par Beit-Salam : « si les autorités tiennent à notre participation la loi, un deuxième cas se présente au mépris des règles, ces assises seront boycottées ».
L’avocat du journaliste, Fahardine Mohamed Abdoulwahid, s’est réjoui pour la libération de son client en attendant la comparution.
Classement RSF
Le cas de Kamal Abdou Saïd n’est pas isolé. Depuis quelques années les journalistes subissent une grande pression et certains ont fini en prison pour des motifs qui ne sont pas prévus par le Code de l’Information.
Nous rappelons que depuis 2017, le classement annuel RSF pour les Comores ne cesse de se dégrader traduisant les nombreuses atteintes à la liberté de la presse. De 2017 à 2018, les Comores sont passées de la 44e à la 49e place, puis de 2018 à 2019, de la 49e à la 56e, soit au total une perte de 12 places en deux ans.
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