Alors que la grève de trois jours des commerçants et opérateurs économiques avait été prévue depuis un moment, ce n’est que quelques jours avant le début de la grève que le gouvernement a réagi. Par Mahmoud Ibrahime
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En réalité, le conflit a pour origine les nombreux problèmes que connaissent les commerçants à la douane, particulièrement la hausse importante et régulière des taxes douanières, l’arbitraire qui y règne, le payement envisagé d’un scanner… L’interlocuteur privilégié des grévistes aurait donc dû être le directeur de la douane, Kamalidine Souef. Mais, il semble que les opérateurs ne veulent plus discuter avec lui. Le souhaite-t-il lui-même ? C’est en tout cas le ministre des Finances qui a engagé le dialogue avec les opérateurs économiques.
Mais, le ministre, Saïd Ali Chayhane, a choisi ses interlocuteurs et n’avait qu’un seul objectif : diviser le mouvement pour le faire avorter. Il a donc distribué les promesses vendredi, samedi et dimanche, sans aucune véritable garantie.
Les responsables de la Chambre de Commerce (UCCIA) ont été appelés dans des discussions, comme le puissant syndicat des transporteurs, Usukani wa Masiwa et l’une des deux organisations patronales, le MODEC. En revanche, aucune des organisations qui ont appelé à la grève de trois jours n’a été conviée, ni aucune marchande d’un des marchés de la capitale.
Les résultats ne se sont pas fait attendre, d’autant que les dirigeants de la Chambre de commerce (dont les mandats sont arrivés à terme depuis un moment) ont fait campagne pour le chef de l’État actuel, comme le MODEC passe pour être proche du gouvernement.
Usukani wa Masiwa s’est retiré du mouvement en indiquant à ses adhérents que le syndicat a eu suffisamment de garanties pour attendre et voir (le syndicat annonce maintenant une grève illimitée à partir de lundi prochain). Quant à l’UCCIA et le MODEC, ils ont appelé à ne pas faire grève affirmant qu’ils avaient obtenu satisfaction sur toute la ligne.
Le gouvernement, ayant pu faire ces trous dans le front syndical, aurait pu se dire que le plus gros travail a été accompli. Pourtant, tous les indicateurs montraient que le lundi la grève allait être suivie par un grand nombre de commerçants. Deux opérations ont donc été lancées pour tenter d’impressionner les opérateurs économiques favorables à la grève.
La première a consisté à convoquer au service du contentieux, à la douane, du jour au lendemain, comme s’il y avait une urgence ou un danger immédiat, celui qui a été identifié comme un des meneurs de la grève, Mahamoudou Ali Mohamed, patron de CBE et de l’autre organisation patronale, La Nouvelle OPACO.
La deuxième opération fut une première aux Comores puisque le Procureur Général a signé un ordre de réquisition valable dès le début de la grève, permettant à l’armée de faire ouvrir des magasins, considérés comme essentiels, dont deux magasins qui vendent principalement de l’alcool.
Et effectivement, le lendemain, l’armée est allée chercher un responsable de magasin et l’obliger à ouvrir, et ensuite, les Moroniens ont pu voir certains soldats postés devant des magasins pour s’assurer qu’ils allaient rester ouverts.
Malgré ces manœuvres, la plupart des magasins de Moroni restèrent fermés pendant trois jours du lundi 27 au mercredi 29 janvier. Les vendeurs des deux marchés de la capitale restèrent chez elles, offrant le spectacle rare d’étals vides.
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