« Le secteur privé comorien est disposé à être partie prenante dans la mise en œuvre du plan Comores Emergent », a déclaré Ahmed Bazi, président de l’union des chambres de Commerce, d’industrie et d’Agriculture des Comores (UCCIA), le 19 février dernier, lors de la cérémonie de mise en place du « haut comité de suivi » de la conférence des partenaires au développement des Comores (CPAD). Par Faïssoili Abdouar
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L’opérateur économique a également saisi cette occasion pour présenter les doléances du secteur privé comorien et proposer des pistes de réflexion qui permettront de rehausser la « compétitivité » des entreprises locales.
Une « occasion exceptionnelle ».
C’est ainsi que le président Azali Assoumani a qualifié la cérémonie de mise en place du haut comité de suivi du CPAD. « Une étape importante du chemin que nous avons décidé de parcourir, pour conduire notre pays vers l’émergence à l’horizon 2030 », a-t-il ajouté pour démontrer la solennité du moment.
Le 19 février dernier était jour de fête à Beit-Salam. Cela devient une habitude pour le gouvernement Azali. Toutes les occasions deviennent prétextes à des cérémonies à l’utilité douteuse. Ils étaient tous là. Le ban et l’arrière-ban du gouvernement, les gouverneurs, les directeurs généraux ainsi que des notables et des chefs religieux étaient présents à ce rassemblement aux allures de meeting politique. Tout ce beau monde était venu assister à l’installation du haut comité de suivi de la conférence des partenaires au développement des Comores qui s’est tenue les 2 et 3 décembre 2019 à Paris. Cette structure d’une dizaine de membres dont le président Azali, lui-même « est investi de la mission de pilotage technique de la mobilisation des ressources annoncées lors de la Conférence en vue d’assurer la mise en œuvre du Plan Comores émergentes. Il est chargé d’orienter la programmation des actions de développement, de veiller à l’opérationnalisation efficace du Plan Comores Emergentes et de la mise en œuvre cohérente des orientations stratégiques définies par le Gouvernement », a détaillé le chef de l’État dans son discours.
À entendre le locataire de Beit-Salam la mise en place de cet organe est la preuve que « nous avons tiré les leçons des Conférences de Bailleurs, organisées par le passé, en faveur de notre pays ». Des conférences qui « n’ont pas pu apporter au peuple comorien les dividendes escomptés, en partie en raison de l’absence d’une structure de suivi de la mise en œuvre des ressources », conclut-il. Cette mesure constituerait donc une rupture avec les erreurs du passé. Dans son intervention, Azali n’a pas manqué pas de souligner le « succès diplomatique indéniable » enregistré selon lui à Paris « avec la parfaite tenue de cette Conférence, aussi bien dans son organisation et son déroulement, que dans ses conclusions. J’en veux pour preuve le nombre, la qualité et la contribution des participants à la Conférence ».
L’intégration du secteur privé
Ahmed Bazi, président de l’UCCIA a de son côté salué « les efforts engagés récemment par le gouvernement pour le secteur privé » notamment la « mise en place en janvier des tribunaux commerciaux ou encore le lancement de cycles de négociations de haut niveau avec le secteur privé à l’issue du mouvement revendicatif des opérateurs économiques ». Pour cet opérateur économique, « cela constitue une source supplémentaire de motivation pour les acteurs du secteur privé à accompagner le gouvernement dans la mise en œuvre du plan Comores émergent ». Toutefois, le président de l’UCCIA a regretté à demi-mot la « mise à l’écart » du secteur privé national dans ce processus vers l’émergence. « Il est admis le rôle stratégique du secteur privé dans les projets et programmes devant conduire le pays à l’émergence. Ce postulat est valable aussi pour le cas de l’Union des Comores », a-t-il rappelé avant de « rassurer que le secteur privé comorien est disposé à être partie prenante dans la mise en œuvre du plan Comores Emergent ». S’adressant aux autorités politiques présentes dans cette cérémonie, le président de l’UCCIA met en exergue la fragilité du climat des affaires dans l’archipel et prône l’instauration d’« un dialogue public-privé effectif, constructif et permanent à travers un cadre légal efficace et inclusif ».
« Malgré la prééminence du secteur privé dans l’économie et les réformes engagées ces dernières années par le gouvernement, il reste parfois difficile de lier les bonnes intentions avec des actions cohérentes et concertées en vue de la promotion d’un développement économique axé sur l’exploitation du potentiel du secteur privé national », a-t-il assené. Ahmed Bazi a ensuite longuement énuméré les problèmes du secteur privé national qui est « confronté à de nombreux défis au nombre desquels figurent les difficultés liées à l’environnement économique général, aux financements des entreprises, à l’emploi dans le secteur privé, à la productivité et la compétitivité. Ces facteurs qui influent sur le comportement et la dynamique des entreprises nationales doivent être appréhendés ». Il a ensuite avancé certaines pistes pour remédier à cette situation : « nous préconisons l’adoption d’une stratégie nationale de développement du secteur privé afin de lui permettre d’assumer pleinement son rôle de premier plan dans la réalisation du plan Comores Emergent. Le secteur privé national ne doit pas être en marge de cette dynamique d’investissement. Il doit être partie prenante ». C’est ainsi que, selon lui, « l’État se doit d’accompagner le secteur privé national. La politique de promotion du secteur privé est aussi une affaire de l’État. Réitérer les attentes les plus urgentes, il nous semble que l’État doit ainsi créer les conditions de l’éclosion d’un secteur privé fort avec des champions nationaux devant entrainer les TPE et les PME et être à même de faire face à la concurrence étrangère ». Il suggère enfin que « l’État se doit d’accorder une part de la commande publique au secteur privé national par l’introduction des clauses de sous-traitance et de transferts de technologie avec les grosses entreprises étrangères afin d’assurer un nivellement vers le haut de la qualité de prestation du secteur privé national. Assurer un équilibre entre la pression fiscale et l’essor des entreprises locales ».
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