Plus de 300 000 d’électeurs ont été appelés aux urnes pour élire un nouveau Parlement. Jamais le désaveu vis-à-vis de la classe politique n’a été aussi sévère et même cinglant. Les élections législatives et municipales de 19 janvier se sont déroulées dans un contexte économique, politique et social très tendu et les résultats ne changeront rien à la situation actuelle. Par HACHIM
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Dans la capitale, à Moroni-Sud comme à Moroni-Nord, la population a largement boudé ces élections, jugeant qu’elles visaient à légitimer le régime en place. En tout état de cause, la donne politique ne devrait pas bouger. Approximativement, on peut estimer le taux de participation dans la capitale à environ 15 % des citoyens inscrits sur les listes électorales.
« Je ne comprends rien ! Je n’ai pas pu voter à temps à cause de la pluie. J’arrive dans le bureau et on me dit que c’est fermé à 16 heures. », s’est offusquée une maman, élancée d’une quarantaine d’années.
Que les jeunes et les catégories sociales défavorisées qui se sont déplacés aux urnes se sont montrés sceptiques peut s’expliquer. « Nous sommes là depuis 8 heures quart et le vote n’a toujours pas commencé. Le Président du bureau et les assesseurs sont à l’intérieur du local. Les forces de l’ordre sont postées à l’entrée pour nous empêcher d’y accéder. Et nous ne savons pas ce qui se passe dedans.», a déploré une dame d’un certain âge.
De 8 heures jusqu’ à 11 heures 30, le bureau de Mtsangani n’a pas ouvert. En plus de la grogne, les esprits se sont échauffés. « Vous n’avez pas honte de faire attendre vos mamans et vos tontons comme ça pendant des heures. De toute façon, on va voter. Que vous le vouliez ou non. », a insisté la femme qui est revenue à la charge.
Sur entrefaites, un membre du bureau est sorti avec fracas. « Toi, madame ! Tais-toi ! Tu ne vas pas voter dans ce bureau. Je vais t’en empêcher », a-t-il lancé en regardant sur les lieux les électeurs avec beaucoup de condescendance.
Il est presque midi.
Une foule d’électeurs s’est massée devant la bâtisse dans le dessein d’accomplir leur devoir civique. Un partisan du CRC voulait expliquer pourquoi il y avait dans le commencement du vote du retard, mais il a été remis à sa place par une trentenaire qui faisait le pied de grue depuis le matin. « Tu es qui ? Tu es la « CENI » pour décider qu’on doit commencer ou pas ? Tu ne sais rien en matière de contentieux électoral. Dégage ! »
Dans ces remous, les petites phrases, les insultes et surtout les offenses insupportables ont volé haut entre « crceistes » et les partisans de candidats indépendants.
Avec ces échauffourées, difficile pendant que le temps s’ égrenait, de reconnaitre quelles étaient ces circonscriptions de Moroni qui sont acquises à tel ou tel candidat.
Dans ce bureau du Moroni-Nord, les perturbations se sont interrompues lorsque les membres de la CENI sont arrivés pour statuer sur le blocage qui avait transformé le scrutin en pugilat à Mtsangani.
Il est 12 heures passées quand les électeurs ont commencé à déposer leur bulletin dans les urnes de ce bureau.
Badjanani dans le calme
À Badjanani, l’élection s’est déroulée dans le calme, malgré l’ouverture tardive de certains bureaux de vote de la circonscription de Moroni-Sud, liée à une forte pluie qui avait dissuadé les électeurs de venir voter à l’heure.
« Nous avons démarré à 8 heures 30. Pas d’incident, les gens viennent voter librement et ça se passe bien. Nous ne sommes pas loin de centaines de votants. On va arrêter à 17 heures.» a déclaré le Président du bureau 1 de ce quartier de la capitale.
À Iroungoudjani, à l’ouverture du bureau, ce qui s’est passé a frôlé l’incident électoral. « Quand on a débuté le vote. Le bureau manquait d’assistants. Et quand ils sont arrivés, les noms ne correspondaient pas à ceux accrédités sur Moroni-Sud. À force d’attendre, les gens sont partis », a expliqué le Président Said Bacar.
A M’boueni, les quatre bureaux de vote étaient ouverts entre 7 heures et 8 heures. « Tout se passe bien si ce n’est un petit couac lié à des trombes d’eau quand le ciel a ouvert ses vannes ici. À 15 heures passées, il y a eu une cinquantaine de votants dans mon bureau. », a estimé Abass qui était en costard, le badge ostensible sur la poitrine.
En allant loin en voiture dans les autres bureaux de Moroni-Nord tels que Magudjuwu et Coulée, la désaffection des urnes a posé un problème plus criant sur les lieux.
« Sur 600 inscris dans mon bureau, nous sommes à 1% de votants. En fait, nous sommes dans le bastion de JUWA qui n’a pas de candidat. D’ici à la fermeture du bureau, les gens ne vont pas se bousculer pour voter », a commenté Soueffoudine.
Ce dimanche, nous avons eu des élections législatives qu’une bonne frange de la population a qualifiées de « farce » et pour lesquelles peut d’habitants de la capitale se sont déplacés.
« Ce que nous voyons dans ce scrutin, le scénario qui se dessine forcement le parti au pouvoir va se garder de donner son pourcentage de victoire, ou le taux de participation, se contentant d’assurer avoir remporté la majorité absolue dans toutes les circonscriptions », a soutenu un jeune électeur.
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