Le lycée d’excellence était la mesure phare du premier mandat du Gouverneur Anissi Chamsidine. Après de nombreuses difficultés et notamment financière, il a fermé ses portes cette année, laissant parents et enfants dans la déception. Pourtant, Anissi Chamsidine est toujours le Gouverneur d’Anjouan. Par Youssouf Dhoulkarnaine
La rentrée scolaire 2021-2022 démarre sans le lycée d’excellence sur l’île d’Anjouan. L’école, ouverte en 2012, peinait à rester ouverte ces dernières années. Elle a finalement mis la clef sous la porte. Avec elle s’est envolé l’espoir de plusieurs jeunes qui souhaitaient l’intégrer et y faire leur cursus.
C’est désormais une histoire ancienne. L’établissement, qui n’était plus que l’ombre de lui-même, a rendu son dernier souffle, après neuf ans d’existence. Comme son nom l’indique, celui-ci visait l’excellence dans l’enseignement secondaire au niveau du lycée. Initié en 2012 par Anissi Chamssidine, l’actuel gouverneur de l’île lors de son premier mandat, le concept concernait à son début les classes de terminales scientifiques. À l’issue d’un concours de recrutement, vingt-six élèves étaient retenus. Ils étaient logés et nourris pour se consacrer uniquement à leurs études. L’objectif était de fournir un meilleur encadrement et donner aux plus démunis la chance de rester dans le système scolaire et faire valoir leurs talents.
« Après cette première expérience, en 2013-2014, nous avons voulu élargir et commencer un lycée. Le président Ikililou avait promis des bourses de 25000 FC par mois et par élève à ceux de la Seconde. Mais hélas ! nous n’en avons jamais vu la couleur. Le gouvernorat était alors obligé de verser les bourses. Donc nous avions 26 élèves en Seconde et 21 en Terminale les seuls à être logés et nourris. Il y a eu 100% d’admis au Bac avec 14 mentions dont 5 « Bien » et 9 « assez bien » explique Zaïtoune Mounir, Commissaire à l’Enseignement de l’époque.
Naissance officielle du lycée d’Excellence
C’est durant l’année scolaire 2014-2015 que le lycée d’Excellence proprement dit voit le jour. Avec un projet de délibération comme acte de naissance, présenté au Conseil de l’île par Zaïtoune Mounir, la commissaire à l’Éducation, pour être validé. S’en est suivi la nomination d’un proviseur et d’un directeur d’études à l’issue d’un test. Le lycée comprenait désormais trois niveaux répartis ainsi entre la Seconde (26 élèves boursiers du gouvernorat donc externes), la Première (27 élèves logés à l’internat) et la Terminale (15 élèves à la charge du gouvernorat, également logés à l’Internat).
Les 15 élèves de Terminale dont dix en TD et cinq en TC ont tous été admis avec 13 mentions dont trois « Bien » et 10 « Assez bien ».
Pour l’année 2015-2016, il n’y a eu qu’un seul concours pour la classe de Seconde puisque l’on avait déjà les autres niveaux. Les responsables ont décidé de loger à l’internat les trois niveaux. Ils étaient à Patsy. « Je pense que ce n’était pas bien étudié, car c’était au-dessus de la capacité du gouvernorat et sans autres sources de financement. Le projet a eu d’énormes difficultés. Et c’est le début de sa chute. En fait c’était avant Salami, mais lui n’a pas cherché à trouver des pistes de financement, mais a préféré abandonner l’internat » regrette l’ancienne Commissaire à l’Enseignement.
Un ex-élève du lycée dans une grande école française
Parmi les promotions qui ont fréquenté l’établissement, beaucoup ont bénéficié, après le bac, de bourses d’études pour continuer à l’étranger, précisément au Maroc. C’est le cas de Daroueche Oussene, un de ceux qui ont décroché le bac C avec mention en 2016. Il est parti dans le royaume chérifien où, après deux ans d’études en Génie électrique dans une école supérieure de technologie à Meknès, il a été reçu par voie de concours dans une école d’Ingénieur à Casablanca. Celle-ci a un partenariat avec une autre école d’Ingénieur en France. Le jeune homme a été sélectionné parmi les dix premiers pour intégrer cette école française. Aujourd’hui, il y continue ses études.
Aucun soutien du pouvoir central
Selon, l’ex-Commissaire à l’Enseignement, Salami n’avait pas compris « que le lycée d’excellence et son internat mettaient en avant la cohésion sociale, la culture de la solidarité et pouvaient éradiquer peu à peu le régionalisme ». À en croire celle-ci, cela permettait aussi de viser l’équité par la prise en charge des lycéens.
Ainsi, après la fermeture de l’internat, le lycée était géré par un personnel administratif, un conseil d’administration et en partenariat avec une association des parents. Les élèves avaient des cours de soutien, des cours ciblés et si avec tout cela un élève n’arrivait pas à la moyenne de 12, il était réorienté vers son établissement d’origine. Après les événements de la Médina de Mutsamudu, qui ont conduit à la chute du Gouverneur Abdou Salami Abdou, les choses sont allées de mal en pis jusqu’à la fermeture cette année. Le projet étant porté par le gouvernement insulaire, il ne bénéficiait d’aucun soutien du pouvoir central.
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