Les Comores pourraient-elles faire face à l’épidémie de coronavirus ? Il est difficile de répondre à cette question. Mais l’on peut dire que de l’accueil des Comoriens venant de la Chine vers leur confinement à voidjou puis à Djomani (quartier de Moroni), le gouvernement semble avoir été dépassé. L’amateurisme a été au premier plan. Par Ali Mbae
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L’épidémie qui a déséquilibré le monde, la Chine en particulier, et qui a comme épicentre la ville de Wuhan menace déjà les Comores. Pourtant, aucun cas n’a été signalé jusque-là par les autorités sanitaires, selon la ministre de la Santé, Loub Yakouti Attoumane. Mais, il faut signaler aussi que les Comores n’ont pas les moyens nécessaires ni la logistique pour détecter directement si une personne est affectée par ce virus mortel.
Le retour de Chine
Comment les Comoriens venant des pays touchés par ce virus sont accueillis à l’aéroport ?
« Je suis arrivé le 11 février. En descendant, on nous a pris nos affaires sans la moindre explication. On nous a embarqués dans une ambulance dont j’ai appris plus tard qu’elle appartenait à la sécurité civile (COSEP). Nous étions considérés comme des braqueurs, des voleurs. Incroyable. Depuis, on nous a laissé ici. Nous sommes dépourvus de moyens de communication. L’eau est rare dans les toilettes. Des coupures d’électricité quotidiennes. Nous sommes subissons un comportement indigne. Mais ce qui est important et urgent, il est inacceptable qu’on nous loge à trois dans la même chambre », déplore un ressortissant qui se trouve à l’intérieur.
Même son de cloche pour un autre étudiant : « Nous sommes conscients que notre pays est pauvre. Nous ne demandons que le minimum. Si un de nous a été contaminé, alors nous sommes tous contaminés. Ce n’est pas une quarantaine. Le minimum serait que chacun de nous soit logé dans une chambre », explique ce ressortissant qui témoigne avoir été examiné en Chine et à Addis Abeba.
Logés à Voidjou
Avant qu’ils soient transférés dans l’ancien siège du journal Albalad, certains Comoriens venant de la Chine étaient confinés à Voidjou, au nord de la Grande-Comore, à quelques mètres de l’école de gendarmerie (ENFAG), ancien logement du commandant Faissoil Abdou Salam tué à Kadaani.
Dans un premier temps, ils étaient douze personnes. Des vidéos et des photos diffusées et qui ont fait le tour dans les réseaux montraient un état insalubre de ce site. Une maison sans des toilettes propres. Des femmes se rendaient à la mer pour les besoins. Le troisième de ce confinement est marqué par des échauffements entre les autorités et les mis en quarantaine. Ils se sont récoltés. Ils voulaient partir chez eux si les conditions ne changeaient pas. Jusqu’à 17h du samedi dernier, ils ont haussé le ton : « Nous ne voulons que le minimum. On ne peut pas dormir à trois dans un seul lit. Nous allons partir chez nous si cette situation reste la même », martelait une dame. En effet, pendant leur séjour à Voidjou, chacun d’eux mangeait ce que sa famille envoyait. Les dispositions qui étaient prises par les autorités sanitaires ne correspondaient pas à ce qui se faisait ailleurs.
Les gens mis en quarantaine ont tout de même remporté un premier round. Ils ont été déplacés vers le centre de Moroni, quartier Djomani.
Les forces de l’ordre étaient sans masque
Les forces de l’ordre chargées de garder ces personnes ont eu une attitude inquiétante. Aucun gendarme ne portait un masque. Sur les images diffusées dans les réseaux sociaux, en particulier Facebook, des gendarmes avaient encerclé les mis en quarantaine pour les empêcher de ne pas fuir. Selon certains sites Internet spécialisés, ce virus se transmet par voie respiratoire. Quatre mètres de distance suffisent pour qu’un contaminé transmette à une personne non contaminée cette épidémie. Ce qui est sûr, aucune examination n’a été faite. Les autorités se sont désintéressées malgré plusieurs rappels lancés dans les réseaux sociaux par les Comoriens. Cet amateurisme s’est ajouté à l’insécurité.
Neuf personnes revenues de la Chine courent à la Grande-Comores
Des personnes venant surtout de la Chine ont réussi à quitter l’aéroport Prince Said Ibrahim sans avoir été ni contrôlées ni examinées. Une information confirmée par le secrétaire général du ministère de la Santé, Jean Youssouf, en conférence de presse : « Effectivement, elles n’ont pas été examinées à l’aéroport. Mais nous connaissons là où elles vivent. Nous les suivons à distance. Je sais que la situation n’est pas simple, mais soyez rassuré que nous n’avons aucun intérêt à mentir. Nous appelons la population à ne pas écouter les polémiques. Nous communiquerons incessamment ».
Protestation contre les conditions de séjour
Contrairement à ce qui est affirmé à longueur de journées par les autorités, les conditions de la mise en quarantaine s’améliorent lentement, même s’il reste beaucoup à faire. Dans leur nouveau lieu de séjour, les étudiants déplorent un risque de contamination : « L’eau est rare, mais nous nous inquiétons des nouveaux arrivants. Il est incompréhensible que les nouveaux nous rejoignent sans examen préalable que la prise de température alors que les symptômes peuvent ne pas se manifester les premiers jours », dénonce un étudiant qui requiert l’anonymat.
Quel budget prévu pour la lutte contre ce virus
Ce qui est certain, c’est que le ministère de la Santé tâtonne. En conférence de presse, le secrétaire général du ministère avait évoqué un budget de 500 millions de francs comoriens par contaminé. Un chiffre effrayant, mais qui est sorti de la bouche des autorités sanitaires. Mais 3 jours après, le même ministère a annoncé un budget de 1 milliard. Cette somme est destinée à lutter contre l’épidémie pendant deux années. Avant, pendant et après l’épidémie. 87 % de cette somme est destiné à la période avant-épidémie. 7% pendant et 5% après l’épidémie.
Pour mémoire, l’épidémie coronavirus ravage le monde et la Chine en particulier depuis fin décembre. 1360 personnes sont déjà mortes. Plus de 60000 sont aussi déjà contaminées.
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