Quarante observateurs de la Mission d’observation électorale de l’Union africaine (MOEUA) ont été déployés dans l’Union de Comores pour veiller au bon fonctionnement des élections pendant le premier tour des législatives le 19 janvier dernier. Par Hachim Mohamed
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C’est à l’hôtel Golden Tulip, mardi 21 janvier, que la MOEUA a convié la presse pour lui faire part de ses observations sur le déroulement des élections législatives.
Bernard Makuza, chef de cette mission, ancien président du sénat de la République du Rwanda a d’abord présenté la déclaration préliminaire. Son exposé, discours donnant la synthèse des observations de la MOEUA, a choqué plus d’un journaliste dans la salle de conférence de l’hôtel, notamment au sujet du taux de participation de la CENI et celui délivré par l’Union Afraicaine.
« Nous n’avons pas le droit de commenter le chiffre de 61,48% de la CENI. Ce n’est pas dans l’ordre de mission. En revanche, nous estimons que le taux de participation est aux alentours de 40% sur les 161 bureaux de vote où nous avons assisté aux opérations », a soutenu Bernard Makuza. Le chef de la mission de MOEUA a passé en revue le cadre juridique régissant les élections des représentants de la Nation, entre autres la constitution de l’Union de Comores du 30 juillet 2018 qui a ramené la tournante à 10 ans pour deux mandats consécutifs de 5 ans dans chaque ile et les textes qui fixent les conditions d’éligibilité des représentants de la nation dans son article 8 qui fait état de la possibilité d’être éligible quand la personne est de nationalité comorienne et être âgé d’au moins 25 ans, la création d’une chambre constitutionnelle au sein de la Cour suprême pour traite les contentieux électoraux après la dissolution de la Cour constitutionnelle en mars 2018 ou encore la manière dont ce changement a continué à alimenter le doute des acteurs politiques de l’opposition comorienne et la société civile.
Un taux de participation annoncé mis en cause
Dans ce contexte de contestation où les principaux partis d’opposition ont boycotté les élections des représentants de la nation et dénoncé entre autres le rôle partial de la CENI et les conditions de la mise en place du cadre juridique, un candidat indépendant au scrutin qui était dans la salle a tiré à boulets rouges sur le faux taux de participation qui à ses yeux est un vol pur et simple, qualifié et institutionnalisé qui n’a pas sa place selon lui dans une société dite démocratique.
«Dans mon village, il n’y a pas eu rang de cinq personnes dans chaque bureau de vote. Les habitants ont boudé l’isoloir. Et comment expliquez-vous qu’à 16 heures il y a eu 50 votants dans un bureau et à la fermeture à 16 heures 30, le décompte de voix a ramené ça à 600 personnes ? »
Faisant un focus sur ce taux de participation très faible pour des élections législatives, la désaffection des partis politiques, la montée des populismes, la réponse du chef de MOEUA a eu l’effet d’une gifle pour les journalistes qui étaient sur le terrain et le candidat à la députation qui avaient posé des questions. Le chef de la MOEUA a été malhabile, pour quelqu’un dont l’objectif principal était de parvenir à une évaluation indépendante, impartiale et objective du premier tour des élections législatives.
Une honteuse mascarade
« Ce que vous citez là « député » reste des cas isolés que vous ne devez pas globaliser. Sur les 161 bureaux où il fallait veiller à la régularité du scrutin, nous estimons que l’ensemble de la Charte africaine de la démocratie, de principes régissant les élections démocratiques en Afrique, a été respecté dans votre pays. », a insisté Bernard Makuza qui a balayé d’un revers de main l’accusation selon laquelle les observateurs ont participé à une « honteuse mascarade ».
Évidemment, comme une tempête médiatique où le pire l’a disputé à l’indigne ses propos ont suscité de nombreuses réactions via les diverses prises de parole dans la salle.
« On nous prend pour des andouilles avec ces déclarations lénifiantes de la part des responsables de MOEUA. Visiblement, le gouvernement de l’Union de Comores n’a invité que les observateurs qu’il aura bien choisis. », a commenté à ce sujet un journaliste sous couvert de l’anonymat.
Du fait qu’une solution à la bonne organisation des élections comporte nécessairement de multiples volets, en plus de mettre l’accent sur le rôle prépondérant de la société civile dans les déroulements de processus électoraux, le MOEUA a évoqué la nécessité de mettre en place en Union des Comores des mesures juridiques pour réglementer le financement des activités politiques en général et des campagnes électorales en particulier.
Autres couacs du scrutin.
La MOEUA a noté également qu’il y avait très peu de femmes qui assumaient les charges de président du bureau et qu’il n’y avait pas de vérification systématique de l’encre indélébile sur les doigts des électeurs avant l’accès au vote et le marquage après le vote n’a pas été systématique.
La MOEUA estime que la CENI gagnerait à revoir l’aménagement des lieux devant accueillir le vote pour garantir à la fois la fluidité des opérations et le secret du vote.
La mission de l’Union africaine a déploré l’absence de consensus entre les acteurs politiques, le désintérêt de la population, absence de mesures nécessaires afin de garantir l’inclusion et la participation citoyenne telles que réaffirmées par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.
La faille de l’indépendance de l’organe de gestion des élections en conformité avec la charte africaine de la démocratie des élections et de gouvernance ou encore le manque criant de cadre de concertation entre acteurs politiques et autres parties prenantes ont émaillé le premier tour du scrutin des représentants de la nation.
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