Chaque année, les résultats du Bac ne sont une surprise pour personne. On pouvait penser que, vue les conditions très difficiles dans lesquelles les élèves ont étudié, les correcteurs seraient plus cléments, comme on n’a pu l’observer dans d’autres pays. Mais, les résultats sont encore une fois mauvais et même en recul quand on tient compte de l’ensemble des trois îles par rapport à l’année dernière. Par MiB
À un mois des examens de fin d’année qui ont été décalés à fin septembre, à cause de la covid-19, le ministre de l’Éducation nationale qui était en train de préparer la session 2021 et la rentrée scolaire a été remplacé. Salim Allaoui Djaanfar dit Sarkozy a pris la place de Moindjié Mohamed Moussa.
Un nouveau ministre
Bien que n’ayant aucune expérience dans ce domaine, le nouveau ministre a donné un peu plus d’énergie à la fonction et a proclamé dès le début qu’il entendait en finir avec la fraude aux examens cette année. Il mettait ainsi en exergue le fait que dans certains centres d’examen, c’était le laisser-aller général. On pouvait laisser des élèves entrer dans les salles avec leurs téléphones portables. Cela est confirmé par un inspecteur sous le sceau de l’anonymat.
Salim Allaoui Djaanfar est allé plus loin dans une conférence de presse en indexant directement son île d’origine, Anjouan, comme étant le lieu où la fraude était la plus massive les années précédentes. Il a comparé les résultats du Bac depuis 2017 et il fait observer qu’Anjouan était loin devant les deux autres îles avant de s’exclamer : « on a des génies à Anjouan ? Ce n’est pas normal, c’est suspect !… Il y a vraiment anguille sous roche ». Il est allé jusqu’à se faire filmer à Anjouan entrant dans une salle d’examen et faisant un discours politique de plusieurs minutes aux candidats juste avant le début de l’épreuve. Du jamais vu.
En tout cas, le ministre a tenu sa promesse puisque cette fois, il n’y a eu aucune tolérance s’agissant des téléphones portables dans les salles et plusieurs fraudeurs ont été arrêtés. Parfois même avec une certaine injustice puisque dans un centre situé dans le Nyumakelé, à Liwara, tous les candidats ont été contraints d’interrompre les épreuves et de quitter la salle à cause de la découverte d’un élève fraudeur (voir Masiwa n°347 du 27 septembre 2021).
Des résultats catastrophiques
Comme pour donner raison au ministre, les résultats à Anjouan sont catastrophiques. Il n’y a que 5% des élèves qui ont réussi leur bac au premier tour et 15% passent le deuxième tour. Par rapport aux années précédentes, la chute des résultats dans l’île est spectaculaire et entraine une chute générale dans l’ensemble du pays assez conséquente.
À la Grande-Comore et à Mohéli, les résultats sont plutôt en hausse, avec respectivement près de 16% (près de 28% autorisés à passer l’oral) pour la première et 11% (30% autorisés à passer l’oral).
Cette année, la nouveauté, c’est que sur les tableaux des résultats, figure une colonne « fraude » et on y recense le nombre de fraudes découvertes. On peut voir que c’est à la Grande-Comore que les cas de fraudes sont les plus nombreux (62), mais ce chiffre rapporté au nombre de candidats donne un taux de 0,84% dans cette île, tandis que ce même taux est à 1% à Anjouan (42) et 0,15% à Mwali (2).
Les responsables d’examens et les journalistes additionnent les chiffres des reçus au premier tour avec ceux de ceux qui passent au second tour et annoncent le taux de réussite avant le passage des oraux. Cela confirme une tendance de ces derniers temps que le ministre qui entend lutter contre la fraude pourrait aussi s’attaquer : quasiment tous les élèves qui passent l’oral le réussissent. Cette tendance indique soit que les correcteurs cherchent à rectifier une trop sévère correction au premier tour, soit qu’ils ont des instructions chaque année pour faire remonter les résultats. Dans tous les cas, ils évitent aux familles de se ruiner en cherchant à acheter certains examinateurs.
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