Alors que les communales aux Comores se sont terminées dans des circonstances incompréhensibles, salies par les opérations de fraudes qui caractérisent les élections aux Comores ces derniers temps, les Français d’origine comorienne se lancent dans la campagne des élections municipales dans leur deuxième pays. Le premier tour se déroule le 15 mars 2020, ils ont encore une semaine de campagne. Mahmoud Ibrahime
Cette année, il y a un plus grand nombre de Franco-Comoriens dans les municipales, particulièrement des femmes. Autrefois, il était possible pour un média de les compter, car ils étaient une dizaine voire une vingtaine. Il y avait même une association des élus français d’origine comorienne. Aujourd’hui, ils sont trop nombreux.
En région parisienne
Certains ne sont pas à leur première campagne aux élections municipales. En région parisienne, on retrouve par exemple Mélissa Youssouf à Villepinte, cette fois elle est tête de liste, une liste qu’elle a composé avec quelques amis, une liste sans étiquette puisque depuis son départ du parti socialiste, elle n’a pas rejoint un autre parti. Élue depuis dix ans à Villepinte où elle a grandi, elle siège dans l’opposition et espère à 31 ans, avec l’expérience qu’elle a acquise prendre la mairie.
À Villiers-le-Bel, Halidi Allaoui est troisième sur la liste du maire sortant, Jean-Louis Marsac, ex-parti socialiste qui a monté une liste « Divers Gauche ». L’avocat d’origine comorienne, qui vient également de prêter serment dans son pays d’origine, était déjà dans le conseil municipal de la ville dirigé par J.L. Marsac, dans la majorité, mais peu actif. Il vient de sauter le pas, puisqu’en cas de victoire, il serait maire adjoint.
La Courneuve comorienne
Toujours en région parisienne, à La Courneuve, on retrouve dans la liste « Vive La Courneuve ! » soutenue par le Parti communiste, le Parti socialiste et France Insoumise, cinq Français d’origine comorienne. À la tête de cette liste, Gilles Poux, le maire français le plus connu aux Comores puisqu’il y a effectué plusieurs voyages pour des projets, notamment d’adduction d’eau. Il repart pour un cinquième mandat et il promet que ce sera le dernier. À part le jeune Mahamoudou Saadi (17e), les autres ont déjà été élus, soit au sein d’une liste PCF soit au sein du PS. Aucun d’eux n’a changé de parti, mais cette fois, ils se retrouvent tous sur la même liste. C’est Zaïnaba Saïd Anzum (PS) qui est la mieux placée. Elle était la quatrième adjointe au Maire dans le conseil municipal précédent, elle est quatrième sur la liste d’Union. Ensuite, on trouve Amina Mouigni, élue depuis 2008, elle se trouve en neuvième position. Bacar Soilihi, un des piliers du parti socialiste à La Courneuve ou Ahmed Abdou, tous deux du PS se trouvent plus bas sur la liste. Il y a également dans les trois autres listes concurrentes, une dizaine de Comoriens. Les plus nombreux sont sur la liste « L’audace de l’espoir ».
Au nord, à Dunkerque et sa région, la plus médiatique est Marie Simati. Comme lors des précédentes élections, et depuis sa rupture avec le parti socialiste, elle sera candidate à Dunkerque et dans sa petite commune de Saint-Pol-Sur-Mer. C’est aussi la plus présente dans les réseaux sociaux.
A Marseille, trois têtes de liste
À Marseille, trois Franco-Comoriens vont conduire des listes de la République en Marche (LREM), le parti au pouvoir et des Écologistes. Saïd Ahamada est déjà député LREM. Il avait un moment annoncé vouloir être candidat en tant que maire de la ville, il a fini par suivre les consignes de son parti et se ranger derrière le candidat désigné, Yvon Berland. Il se présente dans le 15e-16e arrondissement. Maliza Saïd Soilihi était élue Les Républicains dans la précédente magistrature, elle a décidé de passer chez LREM et se justifie en disant qu’elle n’avait pas de carte LR. Elle n’a pas non plus pris celle de LREM. Elle sera tête de liste dans le 2e-3e arrondissement.
Face à Maliza Saïd Soilihi dans le 2e-3e arrondissement, une autre Franco-Comorienne, Nouriati Djambae, élue Écologiste (EELV) depuis quelques années conduira la liste du parti dans lequel elle milite depuis plusieurs années. Les deux femmes sont depuis longtemps opposées de par leurs sensibilités politiques, mais aussi par leur conception de la politique.
Dans le milieu comorien et marseillais, la surprise est venue de la candidature de Ben Amir Saadi dans le 14e-15e arrondissement. L’ancien manager de l’équipe nationale de football des Comores, il est comme les trois précédents un enfant de Marseille. Très influent dans la ville et dans la communauté comorienne. Il affirme s’être engagé avec Samia Ghali, surtout pour battre le Rassemblement national (ex-Front national) qui s’est emparé du secteur où il habite depuis son enfance. Il est troisième sur la liste Julien Rossi dans le 13e-14 » arrondissements et très présent sur les réseaux sociaux.
À Marseille figurent de nombreux candidats d’origine comorienne dans de nombreuses listes. Il est difficile de tous les recenser. À Nice, ils ne sont que deux, Ahmed Djoumoi et Laila Assoumani, tous deux sur la liste du parti socialiste conduite par Patrick Allemand.
Le nombre important d’originaires des Comores dans les municipales en France montre un enracinement de la deuxième ou troisième génération en France. Et il est remarquable que les femmes soient plus nombreuses. Cette génération n’est pas arrivée d’un coup sur la scène politique, nombre d’entre eux travaillent le terrain depuis très longtemps et passent aujourd’hui un autre stade. Il reste à voir, à l’issue du premier et du second tour, lesquels pourront s’imposer dans les exécutifs de leurs communes.