Le tourisme halal fait ses premiers pas aux Comores avec une première rencontre début septembre à Ntsudjini.
Par Hachim Mohamed
Le tour operateur Bunaris Tourism Halal a organisé un conclave à la salle de conférence de la mairie de Ntsudjini le 3 septembre dernier. La conférence s’est déroulée en présence de nombreux artistes et artisan dont le photographe Mab Ehad, des artisans Abed Houdate et Fatima Moustoifa, de l’artiste Mohamed, Badawi dit « Leck le peintre ». Ce fut une rencontre autour de la sauvegarde du patrimoine sous un angle à la fois analytique et didactique.
La cartographie de la ville de Ntsudjini
Les thèmes pendant la conférence ont tourné autour du patrimoine et du rôle que les acteurs dans le secteur du Tourisme halal vont être amenés à jouer demain.
Pour mobiliser avec intelligence nos « architectes culturels » du passé et les rattacher à notre temps, Youssouf Mohamed Dhoifiri, l’expert en tourisme qui a modéré la rencontre, il faut poser quelques jalons. L’une de voies qui va permettre de mener à bon port le projet c’est la confection de cartes de nos villes, comme celle réalisée sur la ville mythique de Ntsudjini qu’il a présentée à l’assistance.
« Nous avons du lourd, un site web d’une valeur de 7000€.Pour notre entreprise en gestation, en attendant l’obtention d’un registre commercial, il y a un capital de 700.000FC », proclame Mohamed Shoifiri.
Trois personnalités de la création
Très habile de ses doigts, avec une laine locale dorée, Fatima confectionne des habits traditionnels avec de l’ornement brodé sur une étoffe solide et souple. Épatant !
Quant à Abed Houdjate, c’est un véritable artisan. Il utilise de la matière première locale. Il est arrivé de Ndzaouze avec un produit touristique fait de ses propres mains (une jolie casquette). Il est porteur d’un savoir-faire véritable dans la fabrication de chapeaux, casquettes, sacs…
Et enfin la surprise de ces rencontres est Leck, illustrateur de récits populaires de sa ville de Ntsaoueni, il peint aussi des bâtisses anciennes comme la maison de Mbae Trambwe ou des paysages. C’est un artiste qui manie ses pinceaux avec habileté et fascine par sa manière de colorer son ouvrage avec ses pastels. Le tableau présenté pendant la conférence laissait facilement imaginer le passé, l’époque ancienne des Comores.
Nouveau paradigme dans les critères de référence touristique
Sur les sites et le patrimoine des Comores, l’enseignant Ahmed Soudjay Simba a mis l’accent sur les techniques issues du savoir local et traditionnel associées à des domaines divers de la culture. Cette approche passe, selon lui, par une démarche de proximité, le questionnement de toute personne dépositaire de ces connaissances utiles pour le marketing du « produit touristique ».
À l’instar d’Ahmed Soudjay Simba, le poète et photographe Mab Elhad s’est arrêté sur la place accordée depuis quelque temps à la valorisation touristique des sites et des monuments historiques avec de critères de référence autres que l’importance scientifique ou la valeur esthétique du lieu ou des objets.
Un changement de paradigme qui nécessite dans sa démonstration plus de pédagogie à l’endroit du public qui fréquente ces legs du passé des Comores. « Je demande à nos guides de ne pas se contenter de montrer aux touristes ces joyaux historiques, mais autant que possible il faut les faire parler en cherchant les voies et les moyens par lesquels ce public cible peut comprendre ce qu’on lui « vend pendant les visites » a-t-il déclaré.
S’agissant de ces initiatives qui consistent à valoriser et préserver le patrimoine local et permettre aux touristes de s’émerveiller à chaque visite, Oumi Soifat a fait état de la Fondation Mbae Trambwe à Koimbani. « L’association se bat pour mettre en lumière les legs des Comores », dit-elle.
Programme en marketing de fruits et légumes du terroir
Pour ces échanges qui ont permis de découvrir les fleurons de l’artisanat local, de poser les premiers jalons du tourisme halal avec des acteurs qui réalisent des joyaux, l’entrepreneur Saïd Ibrahim se veut plus pragmatique sur le patrimoine dit « matériel » dont dispose le pays.
Avec des missions de bénévolat chaque année, son association travaille sur la restauration avec un protocole qui est une vitrine à la production de nos habits traditionnels et à la promotion de la gastronomie locale.
« Nous organisons des excursions, des randonnées, des campings pour la valorisation de nos sites et patrimoines. Nous avons mis en place un programme en marketing de fruits et légumes du terroir. Une manière de booster la consommation locale et encourager les acteurs dans ce domaine. », assure-t-il.
Ainsi le tourisme halal pourrait installer des repères supplémentaires dans la compréhension des sites et du patrimoine des Comores, trop souvent réduits à des clichés.